Nostalgie

Baggio, la grâce divine italienne

Roberto Baggio est inclassable. Surdoué comme un Johan Cruyff et doté d’un fort caractère à l’image d’un Eric Cantona, il restera à jamais un cas à part dans le football de haut niveau.

Auteur : vendredi 06 mai 2016 15:32

Joueur atypique, passé à un tir au but près de la gloire ultime, "il Divino Codino" (le divin catogan) a su s'imposer comme une véritable légende du football italien.

L'histoire de Roberto Baggio est celle d'un attaquant naturellement surdoué qui a dû cependant faire preuve d'un étonnant courage pour réussir à s'imposer à force de sacrifices et de souffrances en raison de blessures récurrentes au genou droit. Joueur d'instinct, compensant un gabarit moyen (1m74, 73 kg) par une incomparable technique individuelle et une intelligence de jeu peu commune, l’élégant Baggio a fait toute sa carrière en Italie de Lanerossi Vicenza, le club de ses débuts en 1982 en 3ème division jusqu'à Brescia en 2004.

Des dizaines de milliers de tifosi aux quatre coins du monde sont tombés sous le charme de ce meneur-buteur atypique qui a inscrit 204 buts en serie A. "Baggio n'est pas un numéro 9. Pas un numéro 10 non plus. C'est un 9 et demi", avait souligné Michel Platini, l'actuel Président de l'UEFA, en parlant des débuts de son successeur aux manettes de la Juventus de Turin.

L'Italie à sa botte
Originaire de Caldogno, petite localité de Vénétie, Baggio fait ses armes dans l'équipe de Lanerossi Vicenze. En quelques mois, il inscrit 110 buts en 120 matches et fait ses débuts en équipe première deux ans plus tard, à 15 ans. Mais lors du dernier match de la saison 1984/85, contre Rimini entrainé par un certain Arrigo Sacchi, il est gravement blessé au genou droit. Il mettra un an et demi pour retrouver les terrains après une interminable rééducation. La première d'une longue de série de blessures qui vont à chaque fois menacer la suite de sa carrière.

Pendant cette longue absence, il traverse une profonde crise spirituelle et décide finalement de se convertir au bouddhisme. "Cela m'a aidé à mieux contrôler mes pensées", précise ce fervent bouddhiste, qui se livre à des séances de méditations solitaires avant les matches.

Pendant cinq saisons, il va défendre les couleurs de la Fiorentina (39 buts en 94 rencontres) qui l'avait fait signer avant sa blessure et avait accepté d'attendre 18 mois avant de le voir débuter. Un geste que Baggio n'oubliera jamais, à tel point qu'en avril 1991, lors de sa première saison avec la Juventus, il refuse de tirer un penalty contre la Viola avant d'aller saluer ses anciens tifosi qui avaient mal vécu son départ à Turin.

Un héritier et un rival
Les cinq saisons passées à la Juve vont être celles de la consécration et de la reconnaissance de son talent avec un championnat, une Coupe d'Italie, une Coupe de l'UEFA, un brassard de capitaine, un titre de Joueur Mondial de la FIFA, 78 buts inscrits et des débuts internationaux. Mais au retour de la Coupe du Monde de la FIFA 1994, il se blesse une nouvelle fois après avoir inscrit un but splendide contre Padoue. Absent pendant cinq mois, il assiste impuissant à l'éclosion d'un jeune talent que le nouvel entraîneur Marcello Lippi  lui préfère, un certain Alessandro del Piero…

Cédé au grand dam des supporteurs à l’AC Milan, où il est associé à George Weah et Dejan Savicevic, Baggio remporte un second scudetto consécutif, mais malgré ses buts, sa technique et son toucher de balle en velours, il continue d'être handicapé par son genou et une grande incompréhension avec plusieurs de ses entraîneurs. "Il n'y a plus de place pour les poètes dans le football moderne", lui précise Oscar Tabarez lorsque Baggio se plaint de ne pas être suffisamment utilisé au début de la saison 1996/97.

Après un passage réussi à Bologne, avec 23 buts en 1997/98, le meilleur total de sa carrière, puis un autre mitigé à l'Inter Milan entre 1998 et 2000, Baggio va finalement passer ses quatre dernières saisons de joueur à Brescia qu'il maintient en Serie A avec 45 buts en 95 rencontres. Le 16 mai 2004 à cinq minutes de la fin de la rencontre AC Milan-Brescia (4:2), il quitte le terrain pour la dernière fois et San Siro lui offre une interminable standing ovation.

La malédiction des tirs au but
Ses rapports avec la Nazionale sont également placés sous le signe du "je t'aime, moi non plus." Après des débuts concluant en novembre 1988 contre les Pays-Bas (1:0), il réussit son premier coup franc victorieux le 22 avril 1989 contre l'Uruguay. Pendant la Coupe du Monde de la FIFA, Italie 90, Azeglio Vicini le fait débuter sur le banc. Appelé pour le dernier match de poule contre la Tchécoslovaquie, il inscrit un but mémorable en partant de son camp pour passer en revue la moitié de ses adversaires, le plus beau but du tournoi et l’un des plus beaux de l'histoire de la Coupe du Monde.

Malgré cela, il n'entre en jeu qu'à la 73ème minute lors de la demi-finale, perdue face à l'Argentine aux tirs au but. "Vicini m'a dit que j'avais l'air fatigué. J'avais 23 ans ! J'aurais tout donné pour débuter ce match", regrette-t-il encore. Pour se consoler, il marquera un nouveau but lors de la "petite finale" contre l'Angleterre (2:1).

Quatre ans plus tard, aux Etats-Unis, Baggio est au sommet de son art. Ses buts en fin de match contre le Nigeria et l'Espagne et ses deux réalisations en demi-finale contre la Bulgarie envoient les triples champions du monde en finale. Mais Roby se présente diminué contre le Brésil devant même être infiltré avant la rencontre. Après 120 minutes d'une partie insipide, il est le dernier homme à s'élancer depuis le point de penalty pour une nouvelle épreuve de tirs au but. Mais son tir passe au dessus de la barre transversale, mettant ainsi un terme aux espoirs italiens. "J'étais pourtant bien présent et ma concentration parfaite. Mais j'étais tellement épuisé que j'ai tenté de passer en force", explique-t-il.

Quatre ans plus tard, en France, il entame symboliquement sa troisième phase finale en inscrivant le penalty du nul contre le Chili, après avoir offert le premier but à Christian Vieri. Mais, 30 ans après la rivalité Sandro Mazzola-Gianni Rivera au Mexique, Cesare Maldini décide de composer entre Baggio et Alessandro del Piero en les alignant à tour de rôle. Baggio inscrit quand même son neuvième but en phase finale contre l'Autriche et réussit cette fois son tir au but contre la France en quart de finale. Mais la Nazionale, elle, doit encore s'avouer vaincue dans cet exercice.

Récompense suprême
Ce roi du come back est même à deux doigts de disputer une quatrième phase finale en 2002 alors qu'il enchaîne les buts à Brescia, mais Giovanni Trapattoni, malgré la pression de l'opinion publique, ne le sélectionne pas et l'Italie sort dès les huitièmes de finale.

Le 15 mai 2004 il prend sa retraite footballistique et se consacre à son rôle d'Ambassadeur de bonne volonté de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) et parcourt le monde pour défendre de grandes causes humanitaires, recevant en novembre 2010 à Hiroshima le prestigieux World Peace Award, décerné par l'assemblée des prix Nobel de la Paix. "Comparés à cette récompense, les autres succès personnels et professionnels deviennent risibles", commente alors Baggio.

Mais Baggio n'a cependant jamais totalement abandonné le football italien et après l'échec de la Nazionale en Afrique du sud, il accepte en août 2010 le poste de responsable technique de la Fédération italienne avec une attention toute particulière à la formation des jeunes joueurs. Un retour qui a fait l'unanimité en Italie, qui a encore la nostalgie des exploits de ce joueur hors normes.

                                                              IN FIFA.com

Publié dans : Italie Baggio

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