Interview

Boudebouz : «Voilà ce que Benzema m'avait dit de l'Algérie !»

"On m’avait fait croire bêtement que j’allais signer à Marseille, mais je n'en veux plus à Anigo"

Auteur : Moumen Ait Kaci Ali samedi 25 juillet 2015 23:59

«Personne ne met à manger dans mon assiette, alors qu’on continue à critiquer mon choix pour l’Algérie»

«Je m’appuie sur ma religion pour soigner mon comportement et dépasser les dures  épreuves »

« Je ne suis plus supporteur de l’OM »

 «  Des clubs huppés de Ligue 1 me voulaient mais à Sochaux  on a préféré laisser partir Marvin avant moi!»

 « Bensebaini m’impressionne, c’est un super joueur, il a vraiment un coup à jouer et gagner sa place »

 

On commence par votre choix pour Montpellier alors que Lille et d’autres équipes voulaient vous engager, un petit commentaire ?
Je suis heureux d’être là franchement. Montpellier est une ville que j’adore. Je compte beaucoup d’amis ici et je n’ai pas hésité un seul instant à signer malgré les offres que vous venez de citer. Il y a un grand président et un entraineur d’envergure qui vont me permettre de continuer sur ma lancée.
Vous avez du coup sauvé Bastia de la relégation…
Je dois d’abord rendre hommage à Bastia qui m’a permis de retrouver un meilleur niveau, je suis ravi d’avoir contribué au maintien du club. Sans mon transfert, le Sporting serait en Ligue 2 cette année, donc voilà je devais faire preuve d’un minimum de reconnaissance et je suis fier d’avoir, entre guillemets, rendu service au peuple corse.  Après, sur le plan personnel, je dirais que les statistiques réalisées peuvent témoigner de ma bonne seconde saison.
Justement, depuis l’arrivée de Ghislain Printant, vous êtes devenu un autre joueur...
Oui, son discours m’a vraiment mis en confiance. Il est arrivé et il m’a vite responsabilisé. Il m’a confié les clés de l’équipe et c’est à partir de là que j’ai pris conscience de mon travail.  J’étais vraiment prêt à tout pour réussir la mission qu’il m’a confiée.
C’est ce que vous n’avez pas trouvé en sélection ?
C’est exact. Après, les coachs font leur choix, il faut savoir les respecter. C’est vrai que jusqu’ici les entraineurs qui sont passés, ne se sont pas appuyés sur moi, mais aujourd’hui Gourcuff m’a donné une chance pleine contre les Seychelles, ça s’est plutôt bien passé, espérons que ça va être pareil à l’avenir.
Donc finalement ce n’étaient que des rumeurs, Raouraoua ne vous a pas banni de la sélection, la preuve, vous êtes toujours là…
Faux, jamais Raouraoua ne s’est immiscé dans le choix du coach. Il n’a rien à voir avec mon éviction.
Certaines mauvaises langues disaient pourtant que c’est lui qui avait demandé à Vahid de vous écarter…
Ce n’est pas vrai ! Ma relation avec le président est basée sur le respect. Il y a eu toujours une admiration mutuelle. Seulement, dans la vie, il y a des gens qui sont rancuniers et Vahid fait partie de ces gens-là. Le président a beaucoup fait pour nous, croyez moi, il rend la vie facile aux joueurs de l’EN, il faut lui rendre la pareille sur le terrain.
 Vous avez joué avec Brahimi en équipe de France jeunes et vous lui avez promis de le croiser un jour avec le maillot de l’Algérie sur le dos, racontez-nous un peu cela…
(Rires.) Oui, c’est vrai, à 19 ans, j’avais dit à Yacine : «Un jour on se croisera avec le maillot algérien sur le dos».  C’était juste après l’Euro 2009, je lui avais aussi dit que c’était mon dernier match avec l’Equipe de France des U19 et que la prochaine sélection c’était avec l’Algérie. C’était pareil pour El Kaoutari, qui était avec moi aussi.
 Il parait justement que vous avez joué un rôle dans l’arrivée de certains binationaux en sélection, et cela vous a porté préjudice aux yeux de certains en France. Parlez-nous en un peu…
C’est vrai, j’essayais de sensibiliser comme je pouvais les jeunes Franco-Algériens à opter pour leur pays d’origine.  
Croyez-vous au fait que Yacine peut atterrir dans un grand club, tant le PSG et le Bayern le suivent ?
Bien sûr, il a démontré des choses fortes avec Porto, mais il ne faut pas s’enflammer, en football ça va vite, certaines propagandes n’arrangent pas les joueurs, il faut aller doucement. A force de l’annoncer partout, ça lui attirera le mauvais œil.
Et en sélection certains disent que vous n’êtes pas complémentaires…
Ceux qui disent ça n’ont rien compris au football, on a joué ensemble en équipe de France jeunes, l’entente est parfaite et c’est avec des joueurs comme Yacine, Feghouli ou Mahrez que je me retrouve sur un terrain. Franchement, je prends du plaisir à jouer avec Yacine.  
 On passe à autre chose. Vous avez convolé en justes noces, il y a quelques jours seulement, et on vous félicite encore une fois. Dites nous, y a-t-il un changement ?
Surtout en cette période de Ramadhan. Lorsqu’on a sa femme à la maison pour tout préparer, ça change tout, ça n’a rien à voir avec la vie de célibataire que j’ai connue depuis que je suis passé professionnel. Ça m’allège des tâches ménagères que je devais faire seul avant. Franchement, tout a changé depuis le mariage. Il y a moins de questions à se poser et surtout j’ai enfin quelqu’un sur qui m’appuyer quand ça va mal. Maintenant, quand ça ira mal, je sais où me réfugier.
On parle beaucoup de la génération 2010, dont vous faites partie, on dit que si cette nouvelle génération ne réussira pas, ça sera à cause du problème d’ego et celui des locaux - binationaux. Partagez-vous cet avis ?
Franchement, je n’approuve pas cet avis, en tout cas, quand je suis en sélection je ne ressens aucune distinction entre binationaux et locaux. Après dans une équipe on a plus d’affinités avec certains joueurs. Moi, je vis ma sélection en famille, je n'ai pas de problème d’ego.
 On craint aussi que cette équipe prenne la grosse tête…
Non, sinon on ne serait pas des professionnels. Il ne faut pas oublier d’où on vient. Il ne faut pas oublier aussi que des gens comme Ziani, Yahia, Belhadj et Bougherra payaient leur propre billet pour aller jouer en équipe d’Algérie. Il ne faut pas oublier tout le parcours qu’ils ont fait pour hisser l’Algérie où elle est maintenant.
Djebbour n’a pas été tendre, il a dit que c’est aux anciens d’expliquer aux nouveaux ce qu’est de jouer pour l’Algérie, vous le rejoignez un peu ?
C’est clair, après, on n’a pas de leçons à donner. Il faut  juste rappeler que les mentalités ont changé, ce n’est plus comme en 2010. Il faut comprendre les jeunes qui arrivent, ils sont courtisés par de grands clubs, et aussi suivis par l’équipe de France, donc il faut trouver le juste milieu. Maintenant, lorsqu’on porte ce maillot, il faut être un guerrier sur le terrain, car il ne faut pas oublier les sacrifices. Il faut s’informer sur l’histoire de ce pays et lorsqu’on joue pour l’Algérie il faut vraiment avoir la rage pour cette patrie.
 En France, votre choix pour l’Algérie a créé une polémique, surtout pacque vous incitiez des jeunes Algériens à jouer pour l’Algérie, vous avez même été traité d’anti-Français, un mot là-dessus ?
Franchement, je ne veux plus calculer ces gens-là. Aujourd’hui, personne ne met à manger dans mon assiette. Je vis avec ma famille, ma femme, mes proches et les gens qui m’aiment. J’essaye de me comporter comme un homme et surtout bien apprendre ma religion pour soigner encore mon comportement.
Vous vous consacrez plus à la religion, qu’est-ce qu’elle vous apporte ?
La paix, la sagesse et la tranquillité en dehors du terrain.  L’Islam est une religion de paix, lorsque ça va mal je n’ai que ça et ma famille pour me réfugier. Il faut donner la bonne image    surtout que c’est souvent dénigré par certaines personnes.  
Des joueurs comme Bentaleb, Feghouli, Ghoulam et Taider ont quitté la France et jouent pour de grands clubs européens, c’est si difficile pour vous d’atterrir dans un grand de France ?
Oui, c’est clair, et maintenant ils sont courtisés partout et j’espère qu’ils feront le bon choix.  
 Vous aussi, vous étiez tout proche de signer, Anigo avait même annoncé que vous alliez être la prochaine recrue algérienne après Foued Kadir…
C’est vrai, mais entre la parole et l’acte, il y a un monde !  On m’a fait croire bêtement qu’on allait me faire signer à l’OM. Bien sûr avec du recul, je n’aurai pas cru à ça.
 Il parait qu’on vous avez eu des offres émanant d’Espagne et d’Angleterre, bien avant la prolongation de votre contrat à Sochaux, une confirmation ?
 Je ne sais pas, mais ce qui est sûr c'est que j’ai reçu des demandes de clubs huppés en France qui me voulaient, mais pour le président de l’époque (Alexandre Lacombe), il fallait laisser d’abord partir Marvin, et moi la saison d‘après.  Je n’en veux plus à ce club, mais à certaines personnes qui y travaillent encore parce qu’ils m’ont manqué de respect.
Vous ne croyez pas que l’erreur était peut-être d’avoir accepté de prolonger d’une saison ?
Oui, à mon avis, on aurait dû me laisser partir à Lille avec Marvin Martin.
Etes-vous toujours supporteur de l’OM ?
Non, je ne le suis plus ! Lorsque j’étais jeune, j’aimais bien l’OM parce que mes parents ont grandi là-bas, mais plus maintenant, l’esprit est plutôt montpelliérain, derby du midi oblige !
En Europe, on imagine que vous n’avez pas changé, c’est toujours le Real malgré la suprématie du Barça…
Oui, j’aime bien le beau jeu du Barça, mais le Real Madrid c’est dans le sang. Avant, il y avait Zidane et maintenant mon pote Benzema. J’apprécie beaucoup ces joueurs.  
On sait que vous êtes pote avec Benzema, vous a-t-il touché un mot après le Mondial de l’Algérie au Brésil ?
Oui, il suit beaucoup les Verts. Je l’avais eu en pleine Coupe du monde, il m’avait dit en rigolant que s’il y avait un match France-Algérie, il ne se sentirait pas bien. Après, il m’a avoué qu’il aurait bien aimé croiser les Fennecs. Il était surtout content du parcours de l’Algérie.
Allez, parlez-nous un peu de l’autre Algérien de Montpellier, Ramy Bensebaïni…
C’est un joueur très mature sur le terrain, il est assez grand et très à l’aise techniquement. Franchement, il m’a impressionné, c’est un super joueur ! Je pense qu’il a les moyens de s’imposer comme défenseur central ou même comme milieu défensif parce que le coach l’a déjà essayé à ce poste-là.  
Humainement, vous le trouvez comment ?
Vraiment très gentil, il ne parle pas beaucoup, il est assez timide mais il reste très courtois. Je vais lui prodiguer quelques conseils et franchement je ne m’inquiète pas pour lui, il a de grosses qualités, à lui de les démontrer.
 Merci de nous avoir accueilli, on sait que ce n’était pas évident, on vous laisse le soin de conclure…
C’était un plaisir, il n'y a aucun problème, je veux adresser mes vœux de l’Aïd au peuple algérien et à très bientôt, inch’Allah.

Publié dans : Ryad Boudebouz

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