Interview

JSK : Diawara : «Quand nos supporters scandent «Anwa wigui d’Imazighens», on a envie de mourir pour eux»

«La défaite face à l’USMA m’a fait pleurer, j’avais mal pour nos supporteurs» «Hannachi est comme un père et Bijotat m'a libéré »

Auteur : lundi 07 décembre 2015 17:51

Le meilleur buteur de la JSK et du championnat Ligue 1 Mobilis se livre au Buteur et revient sur des histoires inédites concernant son parcours, sa vie en Kabylie et la récente période difficile qu’il a traversée avant son retour du Burkina Faso, juste avant le match de l’ASMO. 

Parlez-nous d’abord de vos débuts de footballeur, ça a été comment pour vous, Banou ?
J’ai commencé très jeune, en étant enfant je commençais à taper dans un ballon. Mon histoire avec le football a commencé quand j’étais à l’école primaire, après il y a eu le coup d’œil de mon tuteur qui m’a découvert et intégré dans un centre de football à Bobo-Dioulasso. Par la suite, je suis parti au Racing et au bout de deux ou trois ans, j’ai intégré l’équipe première du Bobo Sport et c’est là que tout a commencé.
Racontez-nous un peu de vos aventures professionnelles au Gabon et en Côte d’Ivoire, ça s’est passé comment ?
C’était très dur pour moi. J’ai quitté mes parents très jeune, à 16 ans je suis allé au Gabon, j’ai signé au FC 105 en première division où je suis resté une saison et demie avant de rejoindre mon frère Malo en Côte d’Ivoire. Sincèrement, au début ça n’allait pas du tout. C’était comme ici, les gens étaient très pressés de me voir marquer des buts mais par la suite j’ai réussi à m’imposer et j’ai connu des moments et des souvenirs inoubliables.
En Côte d’Ivoire, c’était comment ?
Pas une réussite on va dire, d’ailleurs je suis rentré au Burkina au bout de 4 mois seulement.  Après cette aventure, j’ai failli arrêter le football mais grâce à mon ancien entraîneur à Bobo j’ai réussi à remonter la pente. J’ai eu aussi le soutien de mon frère Malo qui a toujours été là pour moi, c’est aussi grâce à lui que j’ai réussi à retrouver la volonté de me battre et là, hamdoulillah, je suis très heureux de jouer pour un grand club comme la JSK. C’est difficile de jouer au football lorsque vous êtes responsable d’une famille et que vous n’arrivez pas à subvenir à ses besoins.
À 16 ans vous étiez déjà responsable de votre famille ?
Oui, très jeune je devais déjà subvenir aux besoins de ma famille. Je suis l’aîné de 7 enfants. Tout l’espoir de mes parents reposait sur moi. Mon père n’avait pas assez de moyens, ma maman s’occupait des tâches ménagères et je devais absolument réussir pour leur venir en aide. C’était une grande responsabilité mais Dieu merci je l’assume comme je peux jusqu’ici. À chaque fois que je dévie un peu, je pense à ma famille et je reviens vite au sérieux pour réaliser le rêve de mes parents. Je n’oublie jamais que j’ai 6 petites sœurs en charge, c’est pour elles que je me défonce tous les jours.
C’est lourd comme responsabilité, cela ne perturbe pas votre concentration ?
Non, c’est une source de motivation. Lorsque je pense à ma famille, j’ai un peu la pression parce que je me dis que je n’ai pas le choix. Je dois absolument réussir, l’avenir de ma famille dépend de moi mais dès que je suis sur le terrain j’oublie tout. C’est ce qui explique notre rage de vaincre. Vous savez, même si je ne m’entraîne pas toute une semaine, lorsque je pense à ma famille, je me transcende. Tout est dans le cœur.
Après avoir marqué votre doublé contre l’ASMO, vous avez déclaré que c’était pour votre mère. Pourquoi cette dédicace ?
Vous savez, on n’a pas deux mères sur cette terre. Même si un jour je suis au Real ou au Barça, lorsque ma famille, ma maman auront besoin de moi, je rentrerai directement. Je crois que c’est clair.
Comment avez-vous vécu cette période-là ?
En étant au Burkina, j’ai lu et entendu dire beaucoup de choses. Certains m’ont même dit qu’on allait êtres libérés mon frère Malo et moi. Cela m’a fait très mal, mais à aucun moment j’ai douté.
Oui, mais vous comprenez un peu, le club avait besoin de vous…
Bien sûr, on reconnaît notre erreur, on devait être là contre le RC l’Arbâa et je regrette mon absence. Je sais que j’ai causé du mal à mon entraîneur, à mon président et au peuple kabyle parce ce que peut-être que si j’avais joué contre l’Arbâa, on serait à 20 points maintenant. Je veux dire que si Malo et moi étions présents, la JSK n’aurait pas perdu, et franchement je regrette tout ça.
Juste après votre arrivée vous plantez un doublé. Comment avez-vous surmonté tout cela ?
C’est une semaine pénible à vivre pour moi. Ma maman était malade, et les critiques que j’ai essuyées m’ont donné envie de tout casser, et Dieu merci, grâce à la confiance de Bijotat, le soutien de Hannachi et l’appui des supporters, j’ai réussi à frapper face à l’ASMO. Je me disais qu’il fallait que je leur montre que je n’étais pas un tricheur. Je voulais faire plaisir au coach, au président et surtout aux supporters.
Votre relation avec le président Hannachi, elle est comment ?
Il est comme un papa pour moi. Franchement, il est correct. Il est aux petits soins avec nous. Lorsqu’on se plaint de quelque chose il vient toujours nous parler. C’est très important qu’un président soit à l’écoute de ses joueurs.
7 buts, vous êtes le meilleur buteur du club et du championnat de Ligue 1 Mobilis. Vous vous atteniez à une telle moisson ?
Je suis un attaquant et mon objectif est de marquer le plus grand nombre de buts possibles en championnat. Je n’ai pas douté, même lorsque ça n’allait pas bien et Dieu merci, maintenant j’ai retrouvé mon sens du but et tant que je suis sur le terrain je vous promets qu’il va encore en pleuvoir des buts, inch’Allah. J’ai encore faim de marquer, soyons-en sûrs. J’ai marqué 7 buts sans le moindre penalty tiré, donc je pense que je peux être satisfait d’un tel bilan après 12 matchs joués avec mon équipe.  
Avec Boulaouïdat, vous avez marqué presque tous les buts de la JSK, cette année…
C’est exact ! L’entente est parfaite avec Boulaouïdat, on joue ensemble pratiquement tout le temps et je peux vous dire qu’on arrive à bien nous retrouver sur le terrain. Après, c’est grâce au collectif qu’on arrive à faire de belles choses et on promet de faire mieux à l’avenir.
Si on vous demande de nous donner un classement des 3 meilleurs buts que vous avez inscrits en Algérie ?
Ça va être difficile mais je dirais que le but qui m’a fait plaisir est celui que j’avais marqué contre le CRB. J’étais en pleine extension, j’ai repris de la tête le ballon exactement à l’endroit où je voulais. Après, ceux que j’ai marqués contre le NAHD et la JS Saoura étaient aussi pas mal.
Votre meilleur match ?
Sans mentir, je dirais que c’est celui que j’ai joué contre le CS Constantine, je n’ai pas marqué mais j’ai joué comme je le sentais, la chance m’a tourné le dos mais je crois que c’est mon meilleur match. C’est là que j’ai repris confiance et j’ai pu aller marquer mon premier but.
Bijotat a réussi à vous libérer…
C’est exactement ça. Après la défaite contre le CRB il m’a beaucoup parlé, il me montre mes défauts et me parle beaucoup de l’adversaire et c’est comme ça que j’ai réussi à me libérer. Il a un discours motivant. C’est vraiment quelqu’un que j’apprécie beaucoup.
Celui que vous regrettez le plus ?
C’est celui perdu contre l’USMA. C’est un mauvais souvenir, croyez-moi, lorsque l’arbitre avait sifflé la fin du match j’avais le cœur déchiré. J’ai levé la tête pour voir les supporters et j’étais franchement effondré, j’ai pleuré au plus profond de moi.
Qu’est-ce qui vous a marqué jusqu’ici à la JSK ?
Franchement, c’est son public. Les supporters sont très fans de leur équipe. Ils sont exigeants et ils ont raison. On a envie de leur procurer tout le temps du plaisir. Quand tu entends leurs encouragements tu as envie de mourir pour eux. Quand les tribunes sont pleines et vous écoutez : «Anwa wigui d’Imazighens» c’est vraiment fou, on a envie de mourir pour eux.
Algérie-Burkina Faso, vous  l’avez vécu comment ?
Oh, c’est un mauvais souvenir ! Mais bon, c’est le football. Je pense que nous avons laissé passer notre chance au match aller même si au retour, on a manqué de chance.
Avez-vous envie de croiser l’Algérie lors des éliminatoires de la Coupe du monde ?
Non, jamais de la vie ! On ne veut pas de revanche maintenant. Par contre on aimerait bien rencontrer l’Algérie en Coupe d’Afrique, pourquoi pas en finale de la CAN-2017 au Gabon. L’Algérie est une grande équipe. Lorsqu’on regarde des joueurs comme Slimani, Feghouli ou Brahimi jouer, on est forcément fans. Vous avez ébloui tout le monde en Coupe du monde mais attention, il faudra aussi compter avec le Burkina !
Votre adaptation en Kabylie s’est faite comment ?
Très bien, tout le monde nous respecte. On a été bien accueillis et ça fait plaisir d’être  supportés par des connaisseurs et des supporters attachés à leur équipe. Partout où on passe on ne nous parle que de la JSK. Je suis fier de faire plaisir aux Kabyles.
Un dernier mot aux supporteurs ?
On leur demande de venir nous supporter, ça fait vraiment chaud au cœur d’être bien accueillis. Le climat est en ce moment frais, ça me gêne beaucoup, ça me fatigue, mais sincèrement la chaleur des supporteurs nous aide à nous adapter.

Publié dans : Diawara Banou

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