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mardi 15 juillet 2014 17:10
"Que voulez-vous que je fasse avec un haltérophile ?" Le jour où il a vu Gerd Müller pour la première fois, Zlatko Cajkovski s'est montré peu avenant. Pour ne pas dire cassant. Nous sommes en 1964, le Bayern Munich évolue alors en deuxième division allemande et voilà qu'on présente un drôle de bonhomme à l'entraîneur du club bavarois. Certes, le jeune homme mesure 1,76m, taille plutôt raisonnable, mais celui qui deviendra la référence et le meilleur attaquant de l'histoire allemande parait court sur pattes. Comme si un tronc de taureau avait été posé sur les jambes - trop petites - d'un autre. "Le petit gros", comme le surnommera d'emblée Cajkovski, n'est pas encore "Der Bomber". Pas encore.
Le Bayern ne tarde pas à être sous le charme d'un joueur qui inscrira 365 buts en 427 matches sous ses couleurs. La sélection, elle, va attendre quelques mois. Mais une fois qu'elle aura essayé Müller, elle ne pourra s'en passer. Comment pourrait-il en être autrement ? Doté d'une détente étonnante pour sa taille, d'un flair incomparable dans la surface de réparation - qu’il quitte rarement -, Gerd Müller est une machine silencieuse. Un taiseux qui frappe à chaque match. Et même plus que ça. A la fin de sa carrière internationale, il présentera un bilan complètement surréaliste de 68 réalisations pour 62 sélections. Qui dit mieux ? Personne.
Efficacité, sang froid, zéro romantisme
En Coupe du monde, avant que Ronaldo ne lui subtilise le titre de meilleur buteur de l'histoire avec son 15e but (réussi face au Ghana en 2006), Der Bomber était la référence absolue. L'Allemand a frappé 14 fois en treize matches joués et deux Coupes du monde. En 1970, il y a eu le Brésil et sa dream team, Pelé et son grand pont, l'arrêt de Gordon Banks, la clavicule droite de Beckenbauer, mais aussi les 10 buts de Müller. L'Allemand termine le premier tour de la compétition avec 7 réalisations au compteur, dont deux triplés de suite face à la Bulgarie et au Pérou. Contre les Péruviens, Der Bomber réussit son hat trick en vingt minutes. Un but du gauche, un du droit et le dernier de la tête. La perfection. Auteur d'un but de la victoire en quarts face à l'Angleterre (3-2, ap), il signera un nouveau doublé lors du match du siècle, en demi-finale face à l'Italie (3-4, ap) mais l'Allemagne finira par plier.
Quatre ans plus tard, Müller va garder des forces pour la fin. L'Allemagne accueille le monde. Et espère décrocher son deuxième titre mondial, deux décennies après le miracle de Berne. Cette fois, pas de triplé, ni des pelletées de buts. Müller attend son heure. Un but au premier tour. Deux autres au deuxième, dont celui qui propulse la Nationalmannschaft en finale. Cette finale, tant attendue, oppose les artistes néerlandais aux "tue-l'amour " allemands. Müller, c'est tout ce que les Pays-Bas n'ont pas et, sans doute, ne voudraient pas. Efficacité, sang froid, zéro romantisme, Cruyff et ses copains n'adhérent pas. C'est pourtant le cocktail qui va faire exploser cette finale 1974.
1-1 à la 43e minute. La suite, c'est Gerd Müller qui la raconte. "Bonhof centre. Le ballon arrive dans la surface. Je fonce au premier poteau au milieu de deux défenseurs. La passe est légèrement dans mon dos, je dois revenir sur mes pas. Le ballon rebondit sur mon pied gauche. Je me retourne et c'est dedans." Rideau. L'Allemagne est championne du monde, Müller tire sa révérence internationale à 28 ans. Pas mal pour un haltérophile.
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