Très discret dans les médias, Medhi Lacen s’est longuement exprimé hier matin sur les ondes de Radio Chaine III, au micro de notre consœur Nassima Djaout. L’occasion pour lui de revenir sur ses meilleurs moments vécus avec la sélection nationale durant les cinq dernières années et surtout de faire la lumière sur sa décision de prendre sa retraite internationale, qui a, faut-il le dire, surpris plus d’un, tant le joueur dispose toujours de ses moyens physiques et techniques. Le milieu de terrain de Getafe assure avoir pris cette décision afin de sortir par la grande porte, surtout. «Plusieurs paramètres ont fait que j’ai pris cette décision d’arrêter avec la sélection. C’était déjà le bon moment pour le faire. Aussi, je n’avais pas envie de sortir par la petite porte comme l’ont subi avant moi certains de mes coéquipiers. Je ne voulais pas vivre ça et c’est pour quoi j’ai senti qu’il était venu le moment pour moi de raccrocher.»
«J’ai encore le niveau pour jouer en sélection, mais…»
Et de continuer : «Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas footballistiquement parlant que j’ai décidé d’arrêter. J’ai encore le niveau pour être en sélection. Je voulais arrêter sur une bonne note et pas faire les années de trop. Après, la sélection nationale regorge actuellement de joueurs de talent. Je ne me fais pas de souci sur ce point. La relève est assurée.»
«La plus grosse erreur de ma carrière, c’est d’avoir refusé de venir pour la CAN 2010»
Pour la première fois, Lacen a avoué son regret de n’avoir pas intégré l’EN plus tôt.
«Je ne vous cache pas que j’ai mal vécu la période de ma venue en sélection pour la première fois. Il y avait une médiatisation exagérée et, évidemment, j’ai subi tout ça. En plus, il y avait un groupe en place qui avait vécu des évènements marquants. Mon erreur était de venir trop tard. J’aurais dû venir à la CAN 2010 lorsque Saâdane m’avait fait appel, mais j’ai dû décliner la convocation car il y avait la naissance de ma fille. Aujourd’hui, je le dis sincèrement, je regrette, c’était la plus grosse erreur de ma carrière.»
«J’aurais aimé être présent à Oum Dourman»
«Ce que j’aurais voulu, c’est surtout d’être à Khartoum pour ce match mémorable face à l’Egypte. A ce moment-là, j’avais eu des premiers contacts avec la FAF, mais je n’ai pas été appelé. La première fois où j’ai reçu une convocation, c’était pour participer à la CAN. Quand je suis venu en mars, je dois le reconnaître, j’ai été très bien accueilli par le groupe. Je n’ai pas du tout eu de problèmes personnels.»
«Je n’ai pas choisi l’Algérie pour avoir le statut d’international»
«On ne vient pas en sélection national pour le statut d’international seulement. Pour moi, il était important de connaître mes racines, rencontrer mes proches, faire le tour du pays et prendre cette grande richesse. Porter le maillot algérien, ce n’est pas que pour le football.»
«Je ne mérite pas un jubilé»
A la question : seriez-vous prêt à organiser un jubilé pour faire convenablement vos adieux au public algérien ? L’intéressé a répondu : «Honnêtement, ce n’est pas quelque chose que j’ai envie de faire. Primo, parce que je ne le mérite pas et secundo, parce que je ne me sentirai pas à l’aise. Bougherra le mérite mieux que moi. Je suis fier de mon parcours, mais franchement, je ne mérite pas un jubilé».
«Mon 1er match face à la Serbie restera gravé dans ma mémoire»
L’ancien sociétaire du Racing Santander est revenu sur son premier match avec les Verts au mois de mars 2010.
«Ce match… c’était exceptionnel. L’EN revenait d’une qualification au Mondial et d’un parcours à la CAN brillant. J’ai eu la chance de jouer dans de grands stades, mais ce match, et même si la défaite était dure, restera toutefois gravé dans ma mémoire. Il y avait une ambiance de folie. C’était au dessus de mes espérances.»
«Nous avions les moyens de gagner les deux dernières CAN»
Medhi Lacen a disputé deux tournois continentaux avec les Verts, en 2013 et 2015. Il dira à ce propos : «A vrai dire, les deux CAN m’ont marqué. C’était avec deux sélectionneurs différents et je pense qu’on aurait pu les gagner. La première en 2013, on est sortis par la petite porte alors que nous avions les moyens d’aller loin et soulever le trophée».
«Halilhodzic est un coach attachant, mais avec lui on souffrait énormément»
L’ancien capitaine des Fennecs est revenu sur la période du règne d’Halilhodzic : «On est restés longtemps avec lui. C’est quelqu’un d’attachant, qui prend soin de ses joueurs et sait les défendre, mais le niveau de travail avec lui était dur. J’adore le foot, mais plein de fois quand on venait au stage en fin de saison, on savait qu’on allait souffrir. Ce n’était pas facile. En Espagne, c’est plus des entrainements avec ballon, mais ça, ce n’était pas son idée».
«Nous pouvions passer au 2e tour du Mondial 2010»
Le joueur est revenu ensuite sur le parcours de l’EN au Mondial 2010.
«La première Coupe du monde en 2010, j’estime qu’on pouvait passer. Nous n’avions pas pris conscience de notre potentiel. On avait hérité d’un groupe assez abordable. Dommage, nous avions loupé notre premier match. Nous gardons tout de même un très bon souvenir et c’était une fierté de jouer la première Coupe du monde organisée sur le continent africain».
«La Coupe du monde 2014, je l’ai vécue différemment»
«La Coupe du Monde 2014, je l’ai vécue différemment. Là, j’avais participé aux éliminatoires et la joie était différente pour moi. Je suis fier du parcours qu’on a fait au Brésil. On voulait rentrer dans l’histoire du pays. On avait perdu face à la Belgique, mais face à la Corée du Sud, nous étions déterminés à gagner et c’est ce qu’on a réussi.»
«On a beaucoup parlé des générations de 82 et 86, mais la nôtre est la seule qui s’est qualifiée pour le 2e tour d’un Mondial»
Bien que la comparaison entre les générations puisse s’avérer des fois subjective, Lacen a son avis sur la question : «Moi, je pense que les générations peuvent se comparer. On est la seule équipe à avoir passé le premier tour d’un Mondial. On a beaucoup parlé du passé et de la sélection des années 1982 et 1986, mais je pense que nous aussi nous avons écrit une page de notre histoire. Maintenant, ce que j’espère, c’est que la sélection puisse se qualifier pour le Mondial 2018 et qu’elle aille encore plus loin. On ne doit pas vivre sur notre passé».
« Lorsque j’ai été viré de Laval, j’ai failli arrêter le foot »
De Laval à Alavés, Lacen en a fait du chemin.
«Mon parcours est très atypique. J’ai été viré de Laval et j’ai dû rester un mois et demi au chômage. J’ai failli arrêter le foot. Par la suite, par l’intermédiaire d’un contact, j’ai rejoint le club de Valence (pensionnaire de National en France). Un agent ensuite m’a envoyé à Alavés et c’est là où tout a commencé pour moi.»
«Jouer en Algérie ? Pourquoi pas !»
«Pour l’instant, je n’envisage pas d’arrêter le foot. Je compte jouer encore quelques années. Je veux continuer en Espagne où je me sens bien. Il me reste un an et demi de contrat avec Getafe. On verra bien. Après, s’il y a une possibilité en France, je ne dirais pas non. Je ne suis pas contre aussi une expérience en Algérie. Je suis ouvert à toute alternative.»
«Le moment le plus fort de ma carrière c’est lorsque j’ai joué contre Zidane»
Enfin et pour clôturer cette interview, Lacen a révélé le moment le plus fort de sa carrière. «C’était quand j’ai joué contre Zidane. C’était une chose inespérée pour moi. L’avoir affronté au stade Bernabeu, c’était extraordinaire. En plus, j’ai eu son maillot», a-t-il dit avant d’ajouter : «En sélection, c’est le match face à l’Allemagne. Un moment fort.»
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