Equipe d'Algérie

Ahmed Hassen : «L’Algérie est favori pour aller en finale»

«Belmadi a réussi à former un groupe soudé»

Auteur : Hamza Rahmouni dimanche 30 juin 2019 13:24

En marge de la 32e édition de la CAN, qui se déroule actuellement en Égypte, le Buteur a été accueilli au siège du club Pyramides par l’une des figures emblématiques du football égyptien, Ahmed Hassen. L’actuel coordinateur général de ce club, qui n’est autre que le capitaine historique de l’équipe nationale égyptienne et vainqueur de quatre coupes d’Afrique, nous a ouvert son cœur et livre ses impressions sur cette édition.  

 

 

Vous avez gagné quatre coupes d’Afrique et vous suivez certainement cette 32e édition de la CAN. Que pensez-vous du niveau de cette compétition ?
D’abord, vous êtes les bienvenus dans votre pays et je suis content d’être parmi vous. El-Heddaf est un grand journal qui a dépassé  toutes les frontières et je vous ai accordé pas mal d’interviews. Contents que ce tournoi se déroule en Egypte. Tout se passe très bien, que ce soit l’accueil, l’ouverture ou la compétition. Tout le monde est bien pris en charge et les conditions sont parfaites pour les équipes du continent. En fin de compte, nous sommes tous des frères, notamment l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Libye. Pour ce qui est de la compétition, tout marche bien. Les équipes évoluent sous réserve lors de la première journée. C’est acceptable. Par contre, lors de la deuxième journée, il y a eu certains indices et le niveau est monté d’un cran. Certains ont affiché leurs ambitions et on peut dire déjà qui pourra résister à la compétition et aller le plus loin possible. 
Votre avis concernant l’Égypte?
Notre sélection nationale n’a pas montré son vrai visage lors des deux premières rencontres. On s’attendait à beaucoup mieux. On aurait aimé voir mieux, mais parfois il faut savoir gagner et c’est ce qui a fait notre équipe. On doit retenir les deux victoires. Le rendement n’a pas été au rendez-vous car tout le monde regarde le rendement individuel au détriment du collectif. On attend le meilleur et il reste encore un troisième match où nous devons terminer la phase de poules à la première position. Vu ma modeste expérience, il nous manque de la puissance et de la férocité. Il y a eu des solutions sur des exploits individuels. Les regards sont braqués vers l’Égypte, détenteur de sept coupes d’Afrique, qui évolue à domicile et devant son peuple.  Tout cela fait que l’Égypte est le favori de cette édition. Dans l’ensemble, le rendement collectif nous convient jusque-là. J’espère que le meilleur est à venir. 
Et l’Algérie ?
Je suis vraiment très heureux pour l’Algérie. Lors de mes précédentes déclarations médiatiques, j’ai toujours mis en avant le Maroc, le Sénégal et le Cameroun même si j’ai toujours opté pour l’Algérie. Après les deux premiers matchs, je peux dire que l’Algérie est l’un des favoris et peut aller très loin. En football, il y a des paramètres que l’Algérie applique. La technicité et l’agressivité sont deux points forts pour les Algériens. Je salue au passage Djamel Belmadi, que j’ai beaucoup croisé sur les terrains, pour sa rigueur tactique. Il tire profit de chaque joueur et exploite la puissance et l’agressivité de ses éléments. Il a des solutions au niveau de tous les compartiments. La star, c’est l’équipe en dépit des grands joueurs que renferme l’équipe nationale algérienne. Croyez-moi, j’étais surpris du rendement collectif de l’équipe et à l’issue de la rencontre face au Sénégal, l’Algérie part favori et semble en mesure de gagner le tournoi.
En tant qu’ancien joueur et capitaine, souhaitez-vous une finale Égypte-Algérie ?
J’espère bien que l’Égypte puisse arriver en finale. Maintenant si on peut voir une finale Égypte-Algérie, cela sera décidé par la compétition et le parcours. Est-ce que les deux équipes ne se croiseront pas avant la finale ? Selon le système de la compétition, on peut croiser le Ghana avant de retrouver l’Algérie en demi-finale. J’espère que nos chemins ne se croisent pas avant la finale. On s’est déjà retrouvé en Angola en demi-finale. Je souhaite bon courage aux pays arabes. Si on évoque les sentiments, Je prie Dieu que l’Égypte arrache son huitième sacre et entre ainsi dans l’histoire.  Techniquement, je vois l’Algérie capable de gagner le titre. C’est une équipe disciplinée, combative et bien appliquée. Il y a un excellent travail qui se fait et je suis persuadé que vous-même les Algériens, vous êtes surpris par votre équipe. Votre équipe revient en force sous la coupe de Djamel Belmadi après un long passage à vide.
Quelle évaluation faites-vous sur le rendement de Riyad Mahrez et sa capacité de s’imposer comme leader dans l’actuel groupe ?
Je vous ai dit que votre équipe tire profit de tous ses éléments et Riyad Mahrez est un élément important et incontournable dans l’échiquier de Belmadi. Il a à ses côtés pas mal de bons joueurs. Il y a aussi Bounedjah qui mérite de jouer en Europe. D’autres qui font un travail colossal, à l’image de Bennaceur. Naturellement, il y a toujours cet élément-clé qui débloque la situation dans les moments difficiles. C’est le cas de Riyad Mahrez. Comme ce fut le cas pour notre génération, il y avait de grands noms. C’est le même cas pour l’équipe nationale algérienne. Il existe un groupe complémentaire et soudé à la fois, et Mahrez fait partie de ce bloc.
Revenons un peu en arrière parler de ce qui s’est passé en 2009. Pourquoi, selon vous, les choses se sont compliquées entre l’Algérie et l’Égypte ?
C’est cette immense tension qui existait sur et en dehors du terrain. Les choses étaient tendues et cette pression s’est répercutée sur le terrain entre les joueurs. Cette histoire est allée beaucoup loin. En dépit du cachet sportif, le côté médiatique a mis son grain de sel et a compliqué les choses. Il y a eu un match entre deux pays frères et les déclarations médiatiques faites de part et d’autre ont pris de l’ampleur. Même sur le plan politique, les choses ont dépassé le cadre sportif. En somme, l’histoire a pris une autre tournure alors que ce n’était qu’une partie de football. Malheureusement, tout le monde est interpellé des deux côtés : les joueurs, les médias et tous ceux qui ont provoqué cette crise. Il fallait des gens sages pour calmer les esprits et éviter la zizanie. J’espère que nous avons tiré les enseignements et qu’une nouvelle page est ouverte entre les deux pays. 
Avec votre riche capital expérience, avez-vous vécu une pression comme celle vécue à Oum Dourman ?
Comme à Oum Dourman, jamais. Même lorsqu’on se déplaçait en Algérie en équipe nationale ou en club, on n’a jamais vécu une telle pression. Les médias sont à l’origine de cette machination en semant la zizanie et ils sont ainsi interpellés. C’est pour cela que j’insiste à dire que les médias doivent calmer les esprits et instaurer la sportivité. Les médias doivent impérativement éviter le discours haineux comme ç’a été le cas lors de cette crise entre les deux pays frères. Finalement, l’Algérie s’est qualifié et a réussi un bon parcours qui a honoré l’Afrique et tous les pays arabes. Nous sommes allés en Angola et nous avons pu gagner notre septième Coupe d’Afrique. On doit tirer les leçons.
Après le match du Caire, vous avez provoqué la colère des Algériens qui étaient convaincus qu’Ahmed Hassen détestait l’Algérie…
Je n’ai jamais blessé qui que ce soit. J’ai laissé ma place propre là où je suis passé, que ce soit en club ou en équipe nationale. Je n’ai aucun problème avec l’Algérie et les Algériens. D’ailleurs, j’ai beaucoup d’amis en Belgique. Seulement, l’aspect psychologique est normal et ça peut arriver. Mais animosité ou haine, jamais ! En tant que capitaine, j’ai souhaité la bienvenue à nos adversaires au « stade de la peur ». Ce n’est pas une insulte, c’est juste lié à la pression du match et l’aspect psychologique. Idem pour votre capitaine Bouguerra qui a déclaré qu’ils ne se contenteraient pas de moins de trois buts face aux Egyptiens. C’est normal et il ne faut pas donner d’autres dimensions à nos déclarations d’avant-match. En plus, il ne faut surtout pas mal interpréter les dires des gens. Personnellement, je n’ai jamais insulté qui que ce soit ou provoqué quelqu’un. C’est toujours une guerre psychologique, sans plus. En tout cas, je respecte le peuple algérien et je n’ai aucune responsabilité dans ce qui a été rapporté dans certains médias. La preuve, avant de me poser la question sur Oum Dourman, j’ai parlé sportivement et techniquement et j’ai déclaré que l’Algérie est la meilleure équipe lors des deux premiers matchs du tournoi. C’est l’adversaire le plus volontaire. Je lui souhaite tout le bonheur et bon vent ! 
Vous avez des regrets, non ?
Je regrette certainement l’atmosphère et les dépassements qui ont eu lieu des deux côtés. Nous avions la meilleure équipe du continent qui méritait amplement d’aller en Coupe du monde. Même les Algériens trouvaient du plaisir à nous voir jouer. Ce match reste un point noir dans ma carrière.
Pensez-vous que la défaite est liée aussi à cette pression supplémentaire imposée par les fils de Moubarak alors que vous étiez partis favoris ?
C’est un match de football et rien d’autre. La présence des fils de Moubarak n’a rien à voir avec la défaite. Ils ont toujours apporté leur soutien à l’équipe nationale. Ce n’est pas toujours le meilleur qui gagne. Il y avait des paramètres et une certaine pression insupportable. Tout le monde a prédit notre victoire, mais le choix du Soudan n’a pas été judicieux. 
Pourquoi ?
D’abord, c’est un petit terrain qui a limité nos déplacements. Il ne nous a pas permis de développer notre jeu comme on voulait. La pression psychologique qui existait dans les tribunes et sur le terrain, aussi. Les supporters algériens étaient beaucoup plus nombreux. L’autre paramètre, l’Algérie a su profiter de la pression et marquer un but qui lui a permis d’aller au Mondial. Vous ne pouvez pas tout gagner et ce n’est évidemment pas le meilleur qui gagne. Nous étions champions d’Afrique à deux reprises, mais on ne peut pas tout gagner. L’Algérie a mérité sa qualification. 
Trois mois après, vous avez battu l’Algérie en demi-finale de la coupe d’Afrique sur le score de quatre buts. Comment expliquez-vous cela ?
D’abord, nous avons évolué très à l’aise psychologiquement, contrairement aux Algériens qui étaient tendus. Nous étions meilleurs et mieux préparés sur tous les plans malgré les absences d’Abou Trika, Ameur Zaki et M’hamed Chawki. Nous étions calmes et mieux concentrés. La différence, vous étiez très énervés et déconcentrés. Par contre, nous étions équilibrés sur le plan psychologique. Il y avait aussi de la réussite.   
Peut-on dire que vous avez tiré les leçons de la rencontre d’Oum Dourman ?
Logiquement. Nous étions hyper concentrés et la réussite était de notre côté. Il y avait une première expulsion qui a déséquilibré le groupe avant un second rouge qui a compliqué la situation des Algériens. Ils ont perdu leur équilibre psychologique, contrairement à nous. En somme, on ne peut pas tout avoir. L’Algérie s’est qualifiée au Mondial et nous sommes parvenus à arracher la Coupe d’Afrique. 
Vous avez pris la revanche de tout un peuple…
Le peuple était comblé et nous les joueurs étions   contents. Pour nous, c’est la vraie finale et nous n’avions pas besoin de soulever le trophée. Ensuite, je me suis entretenu avec les joueurs et je leur ai demandé de penser à une chose. Si on se contentait de la seconde place, c’est comme si rien n’a été fait puisqu’on allait se retrouver sur un pied d’égalité avec les autres équipes qui n’ont rien gagné. L’euphorie ne doit pas nous aveugler. On doit  impérativement tirer la leçon de nos précédentes expériences et aller battre le Ghana.
Sur le plan personnel, vous étiez le meilleur joueur de l’édition malgré votre âge au point de vous soupçonner de dopage. Quel est le secret ?
Il faut penser professionnel. La discipline et la rigueur sur et en dehors du terrain sont les clés de la réussite. L’agressivité comme c’est le cas pour l’actuelle équipe nationale algérienne. J’ai des ambitions personnelles, mais aussi pour mon pays. J’avais 35 ans et le dopage existe dans la tête du joueur. Issam El Hadari joue toujours alors qu’il a atteint 42 ans. C’est la volonté et l’insistance de donner le meilleur. C’est une envie d’arracher quelque chose. En plus, c’est un sport collectif et un seul joueur ne pourra faire des miracles. 
Quelles sont les spécificités et les difficultés qui marquent les duels algéro-égyptiens ? 
Dans les matchs entre les équipes de l’Afrique du Nord, chaque équipe veut prouver son mérite de gagner et de s’imposer comme leader. Il y a toujours des susceptibilités. Les difficultés, c’est aussi la langue et la religion. Il existe une extrême rivalité et chaque équipe veut gagner. Ce sont des paramètres qui vont exister encore, mais nous ne devons pas prendre un match pour une guerre. Au contraire, des relations très fortes lient les pays d’Afrique du Nord, notamment l’Égypte, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc et la Libye. Il existe surtout une concurrence loyale entre ses pays. La compétition doit rester sur le terrain. Un cachet spécial marque vos matchs contre le Maroc et la Tunisie.
Lors des deux matchs d’Oum Dourman et en Angola, nous avions constaté que certains joueurs ne se sont pas salués… 
Je ne me souviens pas. Quelle est la raison qui empêche les joueurs de se saluer ? Les joueurs doivent se saluer obligatoirement. Je ne me souviens pas de tels incidents, mais effectivement cela peut arriver sur le terrain. Mais à la fin de la rencontre, on doit tout mettre de côté. 
Un dernier mot surtout en cas d’une finale Égypte-Algérie…
Mon message pour les Algériens avec lesquels je n’ai aucun différend et que je respecte énormément. D’ailleurs, en Belgique, j’avais un ami interprète algérien que je respecte beaucoup. Je n’ai aucun problème avec l’Algérie et les Algériens et vous êtes les bienvenus dans votre pays. L’équipe nationale algérienne est en train de donner une belle image. J’ai rencontré plusieurs Algériens lors du match face au Sénégal et j’ai même pris des photos avec eux. Je souhaite que l’Égypte arrive à gagner la CAN. Concernant une éventuelle finale Égypte-Algérie, j’espère que le match ne dépassera pas le cadre sportif. Logiquement, je donnerai favori mon pays pour arracher le trophée et vous, certainement, vous souhaiterez que l’Algérie soulève la coupe d’Afrique. Je vous remercie et je vous souhaite encore la bienvenue.

 

Publié dans : Belmadi Mahrez Abou Trika Bounedjah. Ahmed Hassen Ameur Zaki

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