Leekens : «Belmadi a toujours été un grand stratège»

Très content de la performance de son ancien joueur en Equipe nationale, Djamel Belmadi, l’ancien sélectionneur national George Leekens revient sur les éléments de réussite de Belmadi à la CAN 2019. L’ex-sélectionneur de la Belgique et de la Tunisie nous parle aussi de la progression d’Ismael Bennacer qu’il avait pris avec lui à la CAN 2017 à l’âge de 18 ans et livre son avis sur le duel Riyad Mahrez - Sadio Mané pour le trophée du Meilleur joueur africain 2019.
Coach, on aimerait avoir votre avis sur la consécration de l’Algérie en Egypte, sous la conduite de votre ancien joueur Djamel Belmadi…
Je dois saluer d’abord Djamel Belmadi pour le travail énorme qu’il a effectué depuis son arrivée. Je crois qu’il a vite cerné le vrai problème de cette équipe algérienne. Après, bien entendu, il a mis en place un bon équilibre qui a permis à la sélection algérienne de retrouver rapidement le haut niveau et gagner une Coupe d’Afrique amplement méritée vu les efforts déployés et le jeu proposé pendant cette campagne de la CAN 2019.

Qu’est-ce que cela vous fait de voir votre ancien capitaine d’équipe triompher dans une mission qu’on connait tous difficile en Algérie ?
Ah oui ! Ce n’est pas toujours facile dans notre métier, mais je suis franchement très content  pour mon ancien joueur Djamel Belmadi.  Comme je viens de le dire, il a fait un excellent boulot. Il a réussi à trouver les ingrédients nécessaires pour mettre en place un équilibre entre l’aspect défensif et offensif. C’est surtout sur le plan défensif que Djamel a su mettre les atouts qu’il faut pour faire progresser cette équipe algérienne et obtenir les résultats qu’il a réalisés.  Quand je parle d’équilibre, je veux dire que Belmadi a su imposer à tout le monde de faire sa part de travail défensif. Chose qui nous faisait défait par le passé.

Qu’est-ce qu’il a pu ramener, Djamel, dans ce groupe pour aller au bout dans un tournoi aussi difficile que la CAN ?
C’est surtout grâce à l’esprit d’équipe instauré au sein de son groupe qu’il a pu réussir son pari. Je parle surtout par rapport à ce que nous avons vécu en 2017 au Gabon. L’Algérie avait besoin d’un homme comme Belmadi pour évoluer sur sa véritable valeur car la sélection algérienne est composée de joueurs talentueux, avec une certaine expérience internationale, je veux parler surtout d’un type comme Riyad Mahrez qui brille à Manchester City. L’Algérie est un peu comme la Belgique d’Eden Hazard, de Bruyne et cette génération qui a mis du temps à s’affirmer sur le plan mondial.

Vous l’avez eu comme joueur en 2003, avez-vous recelé en lui des caractéristiques d’un futur entraineur ?
Bien sûr, vous savez, c’est facile de parler après une consécration, mais c’est la vérité, Djamel était déjà un grand stratège sur le terrain. C’est le genre de joueurs sur qui on peut compter pour mettre en place une équipe compétitive. Sincèrement, son succès ne m’étonne pas.

Vous avez en 2017 parlé du jeune Ismael Bennacer qui est aujourd’hui au Milan AC, et élu meilleur joueur de la dernière CAN, un mot par rapport à ce jeune espoir ?
Effectivement, je me rappelle que lorsque je l’avais pris en 2017, il était encore très jeune, on l’avait pris pour qu’il puisse découvrir un tournoi de haut niveau. Après, Bennacer était déjà un joueur prometteur avec des qualités indéniables. Certes, il n’était pas prêt pour jouer la CAN au Gabon mais aujourd’hui le gamin a pris une autre dimension avec plusieurs matchs joués en Serie A d’Italie et, franchement, avec l’expérience qu’il a en sélection, ce joueur va encore faire parler de lui, c’est la graine de joueurs comme Hazard, de Bruyne et les autres. Je suis content pour lui car il est passé d’un bon espoir à un grand joueur.

Pensez-vous qu’il va s’imposer dans un géant européen tel que le Milan AC ?
Avec la maitrise technique qu’il a et son intelligence dans le jeu, il va bien assumer son rôle   au Milan AC à condition de garder les pieds sur terre. En football, il est difficile d’arriver au haut niveau mais il est encore plus difficile de s’y maintenir. Ismael le sait car il est passé par une grande équipe à Arsenal. Comme je le connais, c’est un garçon intelligent et qui travaille beaucoup. Il a beaucoup progressé sur le court terme. Sur les deux dernières années, il a réussi une progression énorme en devenant champion d’Afrique et meilleur joueur du tournoi. C’est fantastique pour un jeune joueur comme lui.

Il est aligné comme meneur de jeu reculé, le voyez-vous réussir dans ce rôle ?
Bien sûr, en plus de sa fougue, il possède un bon positionnement et une bonne technique.  Sa rapidité d’exécution lui permet de casser les lignes. Il est aussi fort dans l’abattage, il ne lâche rien et ce sont ces qualités qui vous permettent d’évoluer dans ce poste au plus haut niveau comme dans un grand club comme le Milan AC.

 Belmadi meilleur entraineur de la dernière CAN est aussi nommé pour le prix du meilleur entraineur de l’année, vous le voyez mériter cette distinction ?
C’est la logique en elle-même, Belmadi a battu tout le monde avec l’art et la manière. Comme je l’ai dit déjà, comme joueur, c’était un élément impressionnant. En plus de ses qualités footballistiques, Djamel possède des qualités humaines qui font de lui le très bon entraineur qu’il est aujourd’hui. Il est très fort en management. Il a connu le haut niveau et le football algérien et continental, donc ce sont des facteurs qui lui ont permis de réussir. Ses triomphes, que ce soit au Qatar ou en équipe d’Algérie, ne sont pas venus comme ça. Espérons qu’il va continuer comme ça et se qualifier au Mondial avec l’Algérie

Pour terminer, quel est votre favori pour le trophée du meilleur joueur africain de l’année 2019, Mahrez ou Mané ?
Sans langue de bois, sur l’année 2019 je dirais que Mahrez est le plus méritant. Vous savez, il a déjà prouvé qu’il est le meilleur joueur d’Afrique en 2017 lorsqu’il avait mené Leicester au sacre, chose que Mané ou Salah n’ont pu faire avec un club autre que Liverpool. Regardez maintenant à Manchester City, Riyad gagne des titres et reste décisif car c’est plus facile de jouer avec Sterling, de Bruyne, David Silva et les autres. Ce n’est pas facile aussi de s’imposer et de jouer dans le meilleur effectif du monde. C’est tout le mérite de Mahrez.

En plus c’est aussi le capitaine vainqueur de la CAN…
Oui voilà c’était le capitaine de l’Algérie, ça peut jouer un rôle mais moi, sincèrement, je ne crois que pas que ce soit la chose la plus importante. Seulement, je le redis encore une fois, Mahrez termine une année exceptionnelle avec Manchester City. Après, bien sûr, il est décisif avec l’Algérie en Coupe d’Afrique avec des buts et une forte présence dans les moments difficiles de la compétition. C’est un joueur de très haut niveau.

Un dernier mot, coach ?
 Je suis content pour mes amis algériens, je voulais dire que j’ai beaucoup aimé le comportement de Mahrez en tant que capitaine durant la CAN. Il a été vraiment exemplaire sur et en dehors du terrain. C’est un très bon capitaine et je suis très content pour lui et pour Belmadi aussi qui a fait des choix forts et payants.

Entretien réalisé par Moumen Ait Kaci Ali 

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