Auteur :
N. S.
dimanche 28 décembre 2014 19:24
Lui, il a marqué l’histoire du football égyptien et même africain. Hassan Shehata, l’ancien sélectionneur des Pharaons, a été un des invités d’honneur de cette quatorzième édition du Ballon d’Or. Après la cérémonie, Shehata a accepté de répondre à toutes nos questions concernant l’épisode malheureux entre l’Algérie et l’Egypte en 2009, la sélection algérienne et le Ballon d’Or. Sans trop tarder, on vous laisse le soin de découvrir les propos du «Maître», comme on le surnomme en Egypte.
Tout d’abord, ces deux maillots de l’équipe d’Algérie, que vous a offerts Ali Bencheikh. L’un pour vous et l’autre pour Mahmoud Al Khatib…
Je vous remercie. Ce cadeau de Ali Bencheikh me va droit au cœur. Je le mettrai dans mon armoire spéciale. Ali n’a pas oublié aussi Mahmoud Al Khatib et je vais lui remettre ce cadeau à mon retour au pays. Je reste persuadé qu’il en sera très heureux.
Vous avez fait partie des personnalités ayant marqué leur présence à cette cérémonie, est-ce que vous pouvez nous parler de la cérémonie du Ballon d’Or ?
Avant de parler de cette cérémonie, je préfère parler du peuple algérien qui a été très accueillant. J’ai passé 48 heures ici, et les gens m’ont très bien accueilli. J’ai constaté qu’on m’aime beaucoup dans mon deuxième pays. Ma joie est indescriptible après ce que j’ai constaté ici, les Algériens étaient contents de me rencontrer.
Vous vous attendiez à un tel accueil ?
Pour être sincère avec vous, je m’attendais à être bien accueilli, mais pas de cette manière. On m’a réservé vraiment un accueil grandiose. Je suis très content. J’ai trouvé un accueil que je n’imaginais pas. En plus, la visite a été très étudiée à l’occasion de ce Ballon d’Or. Je remercie Le Buteur pour toute cette organisation. Il y a aussi un impact très positif sur cette visite, que ce soit en Algérie ou en Egypte. C’est une bonne chose que les relations entre les deux pays redeviennent comme avant. Il faut comprendre qu’un match de football de 90 minutes rassemble les peuples et ne doit pas les diviser. Entre les deux pays, il y a une très longue histoire d’amour, de fraternité et d’amitié. Ce n’est pas à cause d’un match de football que tout doit partir en vrille.
Et pour ce qui concerne le Ballon d’Or ?
C’était une cérémonie grandiose. Sincèrement, j’ai assisté à une cérémonie mondiale. Il y avait des stars planétaires. A commencer tout d’abord par l’Italien Franco Baresi, qui est une star du football. Sans oublier aussi Franck Ribéry qui était présent à cette cérémonie en compagnie de son épouse, qui est de nationalité algérienne. Il y avait aussi des personnalités algériennes comme des ministres et d'autres encore. Le Buteur a le mérite de rassembler toute la famille sportive algérienne. Sincèrement, je ne trouve pas les mots pour décrire ma joie et mon honneur d’avoir assisté à une telle cérémonie. Je n’en suis pas surpris car le peuple algérien est connu pour son hospitalité.
Sincèrement, peut-on dire que la page est définitivement tournée après ce qui s’est passé entre les deux pays ?
Oui, bien sûr. La page est définitivement tournée, et ce n’est pas d'aujourd’hui. C’était quelques jours seulement après notre match en Angola à l’occasion de la coupe d’Afrique des nations de 2010. C’est la vie. Dans le football, il y a toujours un vainqueur et un vaincu. Pour moi, la Coupe du monde a été un véritable objectif que ce soit comme joueur ou comme entraîneur. N’importe quel acteur du football rêve de prendre part à un tel prestigieux tournoi. Dommage ! on n’a pas pu se qualifier à cette Coupe du monde. Maintenant, le plus important, c’est que les relations entre les deux pays soient bonnes, que ce soit entre les deux peuples ou sur le plan politique.
Maintes fois, vous avez parlé de la responsabilité des médias dans tout ce qui s’est passé…
Oui, c’est vrai. Il y a une partie des médias, des deux côtés, qui a tout fait pour semer la zizanie. Je ne veux pas mettre tous les médias dans le même sac car il y a ceux qui sont corrects et ceux qui ont semé la zizanie.
Ce qui a été écrit dans la presse a-t-il eu une influence sur vous ?
C’était de la provocation et un appel à la violence. Je pense que nous, les acteurs, avons bien fait de ne pas répondre. Moi, je n’ai fait aucune déclaration, et c’est la même chose pour Rabah Saâdane. Moi, j’avais soutenu l’Algérie en Coupe du monde et je l’ai déclaré, même si c’était l’Algérie qui nous avait éliminés. C’était l’unique pays arabe présent à cette Coupe du monde. Il fallait donc soutenir nos frères algériens.
Pouvez-vous nous parler de ces matchs ?
Sincèrement, je ne veux pas revenir en arrière. J’ai dit ce que je pense. Maintenant, on est en train d’avancer pour qu’il n'y aura rien du tout à l’avenir.
Parlons de la sélection égyptienne, comment vous voyez son avenir surtout après ce dernier échec ?
Le nouvel entraîneur va avoir tout le temps devant lui pour préparer une équipe conquérante. Il va avoir un an et deux mois avant le début des éliminatoires de la prochaine CAN. Donc, il pourra bâtir quelque chose de solide. En plus, avec le retour des supporters dans les gradins, les choses vont s’améliorer encore plus.
La sélection algérienne a hérité d’un groupe très difficile lors de la CAN 2015 prévue en Guinée Equatoriale…
J’ai suivi les matchs de l’équipe algérienne lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil. J’ai vu surtout les matchs face à la Corée du Sud et à l’Allemagne. Pour moi, l’Algérie est un favori pour cette CAN. Par contre, elle a hérité d’un groupe très difficile, c’est vrai. Je suis entièrement d’accord avec vous. L’Algérie doit bien négocier les trois matchs, avant de penser au deuxième tour. Si elle arrive à sortir d’un tel groupe, je suis persuadé qu’elle ira loin et qu’elle pourra renouer avec les consécrations.
Mais en cas de qualification au deuxième tour, il y aura la Côte d’Ivoire ou le Cameroun sur le chemin…
Oui, mais il faudra affronter de grandes équipes. Il ne faut craindre personne. Le plus important c’est de bien se préparer et d’avoir les atouts pour les battre.
Etes-vous d’accord avec ceux qui disent que les équipes de ce groupe sont des équipes de demi-finale ?
Oui, bien sûr. Avec le Ghana et le Sénégal, sans oublier l’Afrique du Sud. Beaucoup vont peut-être mettre cette dernière en deuxième position, mais il faudra s'en méfier quand même.
Est-ce que c’est important de commencer le tournoi face à l’Afrique du Sud, au lieu du Sénégal et du Ghana, qui sont plus forts sur le papier ?
Ecoutez, pour remporter la CAN, il faudra gagner six matchs. C’est le plus important. Peu importe le premier adversaire. Il faudra bien gérer les matchs, et c’est tout !
Comment l’Egypte a remporté trois CAN d’affilée ?
Il n'y a pas de secret. Chaque entraîneur possède sa propre stratégie. Vos joueurs étaient présents à cette cérémonie. Brahimi, Slimani et Feghouli sont des joueurs qui possèdent d’énormes qualités. Je souhaite qu’ils réussissent en Guinée Equatoriale et, pourquoi pas, qu'ils ramènent le trophée. Vous savez, le jeu collectif est très important, même si parfois et surtout lors de certains matchs, on avait besoin des individualités.
Mais vous aviez Aboutrika…
Non, notre point fort c’était le collectif. Aboutrika travaillait pour l’équipe, il n’était pas du tout individualiste. Notre équipe était un groupe solide et homogène.
Votre candidat pour le sacre de 2015 ?
Avant, mon favori c’était l’Algérie. Mais après avoir vu le tirage au sort, je pense que si l’Algérie passe le premier tour, elle aura son mot à dire dans ce tournoi.
Un dernier mot pour conclure l’entretien…
Je suis très content de cet accueil. Ça m’a vraiment touché. Je transmettrai les salutations des Algériens au peuple égyptien. Dieu merci, les relations entre les deux pays sont redevenues comme avant.
Peut-être se verra-t-on au cours d’un match amical entre l’Algérie et l’Egypte…
Oui, pourquoi pas ? On en a discuté. J’espère qu’il y aura un match amical entre les deux équipes prochainement. Sur le plan sécuritaire, les choses se sont améliorées et l’Egypte est redevenue un pays stable.
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