Si le Parc des Princes n'a pas vu de but mercredi soir, il a assisté à une confrontation équilibrée, intense et d'un niveau technique élevé. Tactiquement, en revanche, le choc était déséquilibré : l'organisation de ce Real Madrid bis, brillamment orchestrée par un Rafa Benítez hyper actif, a fait douter un PSG qui avait pourtant une belle opportunité à saisir. Ce PSG provoque un sentiment étrange et des émotions contraires. Il propose un potentiel gigantesque qui chatouille l'imagination, puis met en scène des prestations correctes qui épuisent nos tentatives d'explication. Entre fantasme et réalité, ce PSG provoque un jugement si nuancé qu'il en devient presque inaccessible, insaisissable. Concrètement, ce PSG fait croire à des volées de Cavani et des percées de Di María, puis offre un Uruguayen réinventé en ailier gauche stérile et un Argentin tenu en laisse dans un couloir droit qui cadenasse sa créativité et écrabouille sa finesse. Ce PSG nous suggère Pastore, puis nous crève les yeux. Et au-dessus de tous ces efforts de compréhension de son football, au-dessus de ces envies avortées et de ces théories rêvées, les choix de Laurent Blanc règnent avec l'autorité de celui qui détient le pouvoir et la pression de celui qui sera jugé à la fin. Mais la fin n'est pas encore arrivée. Et hier soir, Blanc avait l'occasion de convaincre la capricieuse cité parisienne face à un entraîneur expert des coupes européennes : Rafa Benítez. Malheureusement, la prestation de ses hommes n'a pas convaincu.
Le retour de l'agressivité authentiquement madrilène
Si l'arrivée de Rafa Benítez sur le banc du Real Madrid a donné des sueurs froides à bon nombre des sujets de la campagne galactique du roi Florentino Pérez, le style de l'Espagnol a le mérite de faire renaître un Real authentique. Si elle avait eu lieu en phase finale, la performance des Blancos au Parc aurait pu entrer dans l'imaginaire collectif madrilène : armé de quelques canteranos et de son travail tactique habituel, Rafa a privé le richissime PSG qatari d'un succès qui lui était promis. La recette ? Agressivité, récupérations hautes, courses verticales, ligne arrière intelligente et soin du ballon. Pour cela, l'homme au 4-2-3-1 a choisi le 4-4-2. Un système géométriquement épanoui que le Parc a pu admirer de la première à la dernière seconde : dix hommes blancs disposés parfaitement au milieu d'une pelouse verte. Casemiro travaille dur, le talent de Kroos est toujours aussi mystique dans ce costume blanc qui met en valeur la justesse de ses choix et le génie de son application, et le quatuor offensif agresse. Cristiano, Isco, Jesé, Vasquez. Sans Benzema, Bale et James, Rafa a fait appel à l'esprit de Juanito et du Real Madrid pure souche. Au bout du quart d'heure de jeu, la pression autour de la surface parisienne commence à porter ses fruits. Au bout d'une demi-heure, le génie de Motta et Verratti ne suffit plus. Et le Real enchaîne les temps forts. Derrière ses lunettes, Benítez semble mesurer chaque espace et compter chaque seconde. Et le Real Madrid se montre précis et organisé. Derrière, la ligne défensive est méticuleuse : 7 positions de hors-jeu, toujours à la limite. Devant, le semblant d'anarchie offensive se régule par l'intensité du pressing et la verticalité des appels. À la fin de la première période, le PSG est coupé en deux, et le Real récolte les occasions. Mais Trapp veille. Si Benítez parvient à convaincre les médias espagnols du potentiel de son travail, le Bernabéu pourrait redevenir un enfer cette saison.
Le trimestre inquiétant du PSG
Puisque c'est le début de saison, disons que le PSG est de retour à l'école. Et alors que le premier trimestre s'achève, le conseil de classe aime faire le bilan : Paris maîtrise déjà certaines matières comme un très grand d'Europe, mais rame de façon inquiétante sur d'autres disciplines qu'il semblait pourtant dominer. Il faut donc faire la part des choses. D'une part, et c'est important de le souligner, le groupe semble encore guidé par une ambition à toute épreuve, les joueurs ont faim, l'équipe a envie. D'autre part, et on entre ici dans le domaine du jeu, le PSG a montré hier soir sa facilité pour ressortir la balle proprement. Comme Arsenal mardi soir avec Cazorla et Özil, Paris a longtemps épuisé le pressing de Benítez avec son duo légendaire Motta-Verratti. Une marque de fabrique. En défense, les Parisiens ont aussi montré une excellente organisation et une gestion intelligente de l'espace, sans David Luiz, menés par un gardien en confiance. L'équilibre des latéraux a aussi porté ses fruits : Aurier en séducteur drôle, Maxwell en beau timide. Seulement, le reste de la partition parisienne est criblé de fausses notes. Sans même parler de création, Paris ne transforme pas sa possession en élaboration de jeu. Paris n'utilise jamais les phases de transition. Paris ne joue pas entre les lignes. Paris n'utilise pas la profondeur. Alors que le Real Madrid semblait jouer en 4-2-4 à la fin de la première période, le PSG était habillé d'un curieux 4-6-0 fait d'une étrange recherche du contrôle du jeu. Finalement, seul Aurier dépasse ses fonctions. Et ici, trois explications peuvent être avancées : l'absence de Pastore, le manque d'automatismes du trident offensif – est-ce une incompatibilité structurelle ou un manque de temps ? – et enfin le manque de participation du milieu de terrain à l'animation offensive.
Un problème Zlatan, vraiment ?
Les lignes dégoulinent partout dans la presse française, à la radio, à la télévision. Après une blessure de début de saison, Zlatan est bel et bien de retour dans le quotidien de cette France qu'il aime tant faire rire et rager. Seulement, cette fois, on le juge pour l'éloquence de ses pieds. Mais hier soir, s'il a été loin d'être brillant, Zlatan a été l'attaquant parisien le plus actif. Toujours prêt à participer à la construction dans ce rôle hybride qui est devenu le sien, le 10 a touché autant de ballons qu'un milieu de terrain (58 passes) : le Suédois a réussi à construire intelligemment, à aérer le jeu et à proposer des associations pertinentes. Et s'il a failli dans l'accélération et la création, s'il s'est montré incapable de transformer la manœuvre en danger, il faut souligner que le schéma mis en place ne l'a pas aidé. Sans les appels de Cavani – collé à gauche – et sans la profondeur de Di María – collé à droite – à qui Ibra devait-il donner le ballon ? Lorsqu'il a proposé des appels de numéro 9, il a fait sentir sa présence (passes de Di María à la 7e, Lucas à la 70e). Il devra élever son niveau de jeu pour être dominant au printemps, mais aujourd'hui le PSG peut difficilement s'imaginer sans son envergure.
Le malaise Cavani
Difficile de savoir pourquoi. Est-ce le joueur qui insiste lui-même pour jouer contre nature ? Est-ce l'entraîneur qui se trompe de consigne ? Peu importe, mais la prestation de Cavani a dû faire croire à Madrid que le joueur avait changé. Lorsque Guidolin disait qu'il n'était pas un numéro 9 (à lire : Cavani est-il vraiment un numéro 9 ?), l'entraîneur italien voulait dire qu'il était un « attaquant extérieur droit ». Mais surtout pas un ailier gauche. Collé à cette ligne qui semble l'endormir, Cavani se retrouve loin de tout – d'Ibra, de Di María, du ballon – et ne peut rien montrer. À la 49e, il s'est aventuré dans la surface et a failli marquer. Et ce n'est pas un hasard. Dans ces conditions, le guerrier ne peut même pas offrir à Paris son sens du sacrifice (zéro récupération défensive). Pour courir et récupérer le ballon, il faut au moins l'apercevoir. En jouant seulement 25 minutes, Lucas a touché autant de ballons que lui (21).
Le besoin de Javier Pastore, l'utilisation de Di María
Avant, Pastore était décrit comme ce phénomène esthétique qui séduisait les yeux sensibles. En manque du Flaco, ceux-là en redemandaient encore et encore sans forcément savoir pourquoi. Mais la saison dernière, l'Argentin est devenu bien plus qu'une drogue : il s'est transformé en remède. En devenant effectivement (il l'avait toujours été dans le potentiel) le phare de la créativité parisienne, Pastore a dépassé l'envie pour mettre les pieds dans le besoin. En clair, Pastore a rendu le beau nécessaire. Mais après une très belle Copa América et l'arrivée de Di María, Blanc semble convaincu de pouvoir se passer de son remède. Malade, son 4-3-3 continue à en souffrir le manque… Enfin, il faut souligner que la titularisation de Pastore ne résoudrait pas tout. Alors que l'arrivée de Di María propose une nouvelle dimension, de nouvelles associations, une possibilité infinie de jeu entre les lignes, de passes imprévisibles et de déséquilibres au milieu, pourquoi vouloir enfermer l'Argentin dans le couloir droit ? S'il joue ailier gauche ou milieu relayeur gauche, Di María sera bien plus ouvert sur le jeu, et Paris appréciera bien plus les contours de sa drôle de silhouette.
Source: Sofoot.com
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