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Real Madrid : Après le Clasico, Florentino Pérez face à sa calamiteuse gestion sportive

Real Madrid : Après le Clasico, Florentino Pérez face à sa calamiteuse gestion sportive

Auteur : jeudi 26 novembre 2015 12:15

Démoli par un Barça virevoltant, le Real Madrid a reçu une véritable correction lors d'un Clasico qui fera date. Exaspéré, le public du Bernabeu a sorti les mouchoirs blancs et exigé la démission de Florentino Pérez, dont la gestion sportive est plus que jamais remise en cause en dépit de bons résultats économiques du club. "Je comprends que certains journalistes veuillent nous déstabiliser, qu'ils soient contre moi. Il m'accuse de la situation. Ils essaient de perturber la stabilité du Real Madrid et je ne l'admets pas". Même en de telles circonstances, 48h après une raclée retentissante infligée par le Barça, Florentino Pérez parle de lui avant de parler de son club. La ficelle est tellement grosse, la critique tellement vide de sens, tant sa gestion du domaine sportif a montré, à nouveau, ses limites face au rival honni, que l'argumentaire en devient ridicule. Sitôt l'annonce de la tenue d'une conférence de presse lundi, la presse espagnole a titré "Pérez comparaît devant la presse", comme s'il était face à un jury populaire. "Floper" a réaffirmé son soutien à Rafa Benitez et glissé un tacle à Carlo Ancelotti, viré malgré le soutien de son effectif. Maintenir son entraîneur n'est pas un choix mais une obligation. D'abord parce que c'est Pérez qui l'a fait venir et, le licencier dès aujourd'hui, serait reconnaître sa faute. Ensuite, parce qu'il n'a pas de solution pour le remplacer. L'ancien coach de Liverpool a eu le courage de prendre la barre du radeau de la méduse, alors que tout le conduit à un naufrage. Or, si Benitez avait des liens affectifs forts avec le Real Madrid, ce n'est pas le cas du reste de sa corporation. Il suffit de jeter un œil aux rumeurs concernant un éventuel remplaçant. Un seul nom a été cité : Zinedine Zidane, à la tête de la réserve et guère enclin à sauter le pas dans un tel contexte. Le premier échec de Pérez c'est avant tout celui-là : le Real Madrid est moins attractif. Depuis plusieurs saisons, la différence est criante entre les Merengue et les Catalans. Le Barça sait recruter et mettre ses joueurs dans des conditions idéales tandis que la Maison Blanche empile les recrues offensives et voit son jeu se déliter. On croirait revivre la fin des Galactiques, vainqueurs de la Ligue des Champions en 2002 avant de couler peu à peu. Avec cette fois Casemiro dans le rôle de Claude Makelele, écarté pour faire place à David Beckham, véritable succès économique mais demi-échec sportif.

Une débâcle inévitable

Face à la rue, face à son effectif, voire face à son président, Benitez a finalement cédé, peut-être par péché d'orgueil, lui qui est si souvent qualifié d'entraîneur frileux. Chantre de l'équilibre, il a sacrifié Casemiro, son seul milieu défensif, pour titulariser James Rodriguez et replacer Toni Kroos en 6, comme à l'époque de Carlo Ancelotti. Parfois, la seule lecture de la composition suffit à comprendre la déroute qui s'annonce... La saison dernière face aux autres membres du Top 4 (Barça, Atletico, Valence), l'Allemand a été aligné à six reprises à ce poste. Bilan : 4 défaites, une victoire et un nul face à Valence, match au cours duquel il était rapidement sorti blessé, remplacé par Illaramendi. Pourquoi s'entêter ? "Organisé et défensif ne sont pas synonymes", rappelle souvent Benitez. Alors si cette "goleada" le met en difficulté, il a désormais un argument de poids pour convertir ses joueurs et les supporters à sa philosophie de jeu. En revanche, rien ne l'empêchait de corriger ce déséquilibre en faisant entrer Casemiro et Kovacic, restés sur le banc tout le match. "Ronaldo ne ressemble plus à Cristiano. Bale est-il déjà parti à Manchester ? Et pour de vrai... quelqu'un peut encore croire qu'une équipe anglaise se soit intéressée à Ramos l'été dernier ? Le défenseur était déjà sur la pente descendante avant son renouvellement millionnaire", écrit Emilia Landaluce dans une chronique acide pour El Mundo.

Un recrutement fait en dépit du bon sens

Ce clasico a été la démonstration parfaite de toutes les erreurs du Real Madrid, et donc de Pérez, en matière de recrutement, de renouvellement de contrat, de projet de jeu. Comment expliquer le fait d'avoir déboursé 30 millions d'euros pour Danilo alors qu'avec Dani Carvajal, Alvaro Arbeloa, voire Nacho et Sergio Ramos en cas de gros coup dur, le côté droit de la défense est largement pourvu tandis qu'à gauche, Marcelo ne dispose d'aucune doublure ? Comment expliquer la prolongation du bail de Ramos a un prix totalement fou en comparaison de son niveau actuel ? Quand il n'est pas en mesure de faire oublier ses errements défensifs par un but, le défenseur central dévoile ses failles, très loin de sa réputation. Samedi, il a été complètement à côté de la plaque. Sa blessure à l'épaule l'excuse en partie mais pourquoi le faire jouer s'il est amoindri ? Confrontée à une pénurie de ballons en raison du déséquilibre de l'équipe, l'attaque n'a pas eu grand chose à se mettre sous les crampons. Là encore, Benitez a aligné un quartet où figuraient 3 joueurs en phase de reprise et en manque de rythme (Bale, Benzema et James dans une moindre mesure mais qui avait traversé deux fois l'Atlantique pour les matches de qualification à la Coupe du Monde). La titularisation du Colombien a d'ailleurs mis en colère Isco, ce qui explique pour partie son exclusion et témoigne de l'extrême tension du vestiaire. La BBC, déjà en proie aux problèmes de placement de Bale, n'avait plus évolué ensemble depuis septembre et le match de Ligue des Champions contre le Shakhtar. Difficile, dans ces conditions, de trouver l'ouverture. Bientôt, le Real Madrid devra aussi se poser la question de l'évolution inéluctable du jeu de Ronaldo, qui aura 31 ans en février prochain.

Où sont les leaders ?

Ces errements sur le terrain sont une des conséquences de la gestion de Florentino Pérez qui pense plus à l'aspect marketing qu'à l'aspect sportif (la kyrielle de blessés faisant suite à une tournée estivale harassante en est une des preuves). Ces facultés de président-gestionnaire lui ont valu et lui valent encore de nombreux appuis parmis les socios. Dans les colonnes d'El Pais, José Samano a établi la différence entre la Casa Blanca et le Barça : le Real Madrid est mieux géré économiquement que le club culé, en proie à des troubles internes. Oui mais voilà, ceux-ci sont masqués par le jeu exceptionnel proposé sur le terrain. Samedi face à lui, Pérez a vu une équipe dotée d'une ligne directrice, capable même de se passer de sa plus belle étoile, de la remplacer par un canterano (Sergi Roberto), et de rester ultra-performante. La blessure de Javier Mascherano, le patron de la défense blaugrana, n'a pas non plus désorienté le système de Luis Enrique. Des dix joueurs de champ titulaires pour le Real lors du clasico, sept avaient été dispensés de rassemblement avec leur sélection. Ils ont donc eu 10 jours pour travailler ensemble, sans effet. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il n'y a pas d'âme dans cette équipe. Samedi, aucun joueur n'a élevé la voix, rassemblé les troupes, tiré ses coéquipiers. Les leaders étaient aux abonnés absents.En zone mixte, Ramos a concédé qu'il s'agissait d'un match horrible, "mais il reste 6 mois, il est tôt pour parler d'un échec". Malgré la raclée reçue, il n'y a que 6 points d'écart entre les deux rivaux pour l'instant. Même si les temps ne sont pas à l'optimisme, rien n'est encore joué en Liga. Après tout, Mourinho avait bien encaissé une manita avant de remporter la Copa del Rey en 2010-2011 face au Barça et remporté la Liga la saison suivante.

Un président inamovible ?

La fin de règne, Florentino Pérez connaît. C'était en février 2006. Au lendemain d'une défaite face à Majorque, il avait démissionné : "J'ai mal éduqué les joueurs. Nous avons bâti un effectif de grands joueurs mais certains se sont trompés", écrivait-il à l'époque dans son communiqué. Quasiment 10 ans plus tard, on a l'impression d'un déjà vu. Sauf que "Floper" n'est cette fois-ci plus disposé à quitter son poste. Au contraire, il a rendu encore plus difficile les conditions pour se présenter aux élections. Ainsi, pour être candidat à la présidence, il faut être socio depuis 20 ans sans interruption (au lieu de 10 auparavant) et apporter un aval bancaire d'un minimum de 15% des dépenses présupposées du club garanti par une banque espagnole (soit aux alentours de 80 à 90 M€). Cet aval doit prendre en compte le patrimoine personnel du candidat. Ce mercredi, la demande d'annulation de ces modifications par un groupe de 15 socios sera examinée par le juge de première instance. Leur objectif est de faire annuler ces dispositions et de provoquer des élections anticipées un an avant le terme du mandat de Pérez. Serait-ce le début de la fin de cette deuxième ère ? C'est très loin d'être fait. A l'heure actuelle, Juan Villar Mir Jr, fils de l'opposant principal à Roman Calderon en 2006 et parrainé par... Florentino Pérez, envisagerait l'éventualité de se présenter avec, à ses côtés, la figure tutélaire de Manolo Sanchis, légende merengue. Ces élections anticipées seraient en fait un vote de confiance et pourraient même renforcer la mainmise de Pérez. Reste à savoir s'il pourra tenir longtemps face à un public qui a sorti les "pañuelos" après le coup de sifflet final. Et les mouchoirs blancs en Espagne, c'est comme le dentifrice : une fois sortis, il est presque impossible de les faire rentrer.

Source : Eurosport.fr

Publié dans : real madrid Florentino Perez

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