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dimanche 01 novembre 2015 11:43
Mais que fait encore Higuain au Napoli ? Une question légitime puisqu'il était donné comme partant certain cet été. Ce n'était pas seulement le fruit d’élucubrations venant de rumeurs de transfert. Non, après une saison sans jouer la Ligue des champions et suite au déménagement de Rafael Benitez à Madrid, la personne qui l’avait convaincu de venir relancer sa carrière au pied du Vésuve, "El Pipita" semblait bien décidé à quitter l’Italie. Destination prisée ? L'Angleterre, puisque Manchester United et Arsenal étaient les clubs les plus souvent cités. Heureusement, le président Aurelio De Laurentiis s’était couvert avec une clause de 94 milllions d'euros qui a contraint l’Argentin à revoir ses plans, même s'il aurait pu décider d’aller au clash comme d’autres avant lui. Et puis, la rencontre avec Maurizio Sarri changea tout.
Higuain a su se remettre en question
"Sarri nous donne beaucoup, il nous a apporté énormément de sérénité, c’est grâce à lui que nous nous sentons aussi bien". Au vu du postulat de départ, rien ne garantissait ces propos élogieux récemment tenus par Higuain. En effet, la transition Benitez-Sarri était le gros point d’interrogation concernant l’avant-centre star. Comment allait-il s’adapter à un entraineur du terroir, lui qui n’a travaillé pratiquement qu’avec les meilleurs coaches de la planète depuis le début de sa carrière ? D'ailleurs, lorsqu'il racontait ses méthodes du temps de l’Empoli, le néo-technicien napolitain avouait avec franchise avoir quelques doutes sur le fait de les appliquer à des joueurs de renom. Et c’est là son plus grand mérite car tout fonctionne, mérites à partager avec l’ex-Madrilène qui s’est mis totalement à disposition. Rentré tardivement à cause de la Copa America, il a retrouvé un groupe qui travaillait dans la bonne humeur de Dimaro, lieu du stage estival dans les montagnes du Trentin. Avant toute considération technique, il est bien important d’insister sur ce passage, c’est dans la tête d’"El Pipita" que les choses ont changé. Les bons résultats aident certes, mais on a maintenant affaire à un joueur plus serein, moins sur les nerfs, qui ne rouspète plus contre ses coéquipiers pour passer sa frustration. Lors de ses deux premières saisons, il avait toujours donné la sensation de ne jamais se sentir totalement bien dans ses baskets. Le public de Naples l’avait remarqué, et par conséquent, il n’a l’avait jamais totalement adopté. Désormais, Higuain ne se contente plus d'être la star de son équipe, il en est un des leaders.
Une palette beaucoup plus complète
Sarri n’a pas fini de vous surprendre. Sous cet air de quinquagénaire de pépère en survet' se cache un fin psychologue qui sait utiliser les bons mots : "Higuain est un phénomène, c’est évident, mais je suis qu’il a encore une grande marge de pression et qu’il n’a pas réussi à exprimer tout son potentiel. ll est un peu fainéant, je lui ai dit. Potentiellement, il peut être le meilleur attaquant du monde, mais s’il ne s’applique pas, il ne le deviendra jamais." Un constat qui aurait pu déchainer les polémiques. Sauf que l’Argentin l'a partagé sans broncher. En suivant à la lettre les indications de son coach, il a allié un gros abattage défensif à une densité offensive très élevée. Surtout, il a pris ses responsabilités et s’est mué en véritable chef d’orchestre d’une équipe à la force de frappe offensive peut-être sans égal en Italie. Certes, Higuain ne plante pas des quintuplés comme Ronaldo, Lewandowski ou Agüero. Mais il a acquis cette régularité qui lui a toujours fait défaut à Naples. 13 matches disputés, 8 dans lesquels il a inscrit au moins un but, et rarement des faciles, "agressant" littéralement la surface de réparation. Le jeu entreprenant et équilibré prôné par son entrianeur lui permet de multiplier les tentatives : 51 tirs en tout, 21 cadrés et 10 qui ont fait mouche entre championnat et Ligue Europa. Ce n’est pas tout, il est aussi un point d’appui avec un jeu dos au but qui a nettement progressé. Les une-deux incisifs avec son compère Insigne ne se comptent plus. En outre, son jeu sans ballon permet d’ouvrir des espaces aux milieux de terrain qui s’engouffrent dans les entrailles des défenses adverses. Un style moins impressionnant que ses confrères plus médiatiques, mais pas moins efficace. Et selon Sarri, il n’est qu’à 80 % de sa forme.
Dans le Top 3 mondial ?
Un état de forme qui fait du Napoli un des grands favoris dans la course au scudetto, mais aussi à la victoire en finale en Ligue Europa. La petite coupe d'Europe que le club est "contraint" de jouer à cause d’un penalty décisif loupé par Higuain lors de la toute dernière journée de Serie A en mai dernier face à la Lazio. Cet échec avait mis en exergue son mental fragile. Malgré des stats honorables (24 puis 29 buts TTC durant l’ère Benitez), "El Pipita" faillait trop souvent dans les grands matches. Une grosse limite pour un joueur payé 43 millions d'euros à l’été 2013. Ce début de saison fait penser que le joueur a passé un nouveau cap, peut-être le dernier puisqu’il fêtera ses 28 ans à la fin de l’année. Voilà de quoi remettre en cause la hiérarchie actuelle des attaquants mondiaux. Dans la catégorie avant-centres purs, c’est-à-dire jouant en pointe dans un système à deux ou trois attaquants, on ne fait pas mieux que lui en Italie. En Europe, Benzema, Lewandowski et Ibrahimovic ont une position équivalente. Mais le premier est souvent remis en question, le second participe moins au jeu et le troisième est sur la pente descendante. Et s'il était l'élu pour succéder à Zlatan en mai prochain ?
Source : Eurosport.fr
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