Interview

Roberto Carlos se livre en exclusivité au Buteur : «Après ce que j'ai vécu durant mon séjour, je souhaite vivement revenir en Algérie»

«Jouer au Qatar ne diminue pas de la valeur de Bounedjah» «L’amour des Algériens pour le foot est très fort»

Auteur : Yasser O. samedi 26 janvier 2019 10:10

Le Buteur-El Heddaf a toujours créé l’événement en accueillant les grandes stars du football mondial en Algérie telles que Maldini, Zanetti, Rivaldo, Canavaro et autre Ribéry. Mais l’édition de 2018 du meilleur joueur algérien Le Buteur-El Heddaf a sans doute été différente. Non pas parce que son invité d’honneur a été le meilleur, mais parce qu’il s’agit d’une star dont la frappe de balle est unique. Des millions de regards étaient braqués vers l’aéroport international Houari-Boumediène, ce lundi matin 14 janvier 2019, pour connaître l’identité de l’invité d’honneur de cette nouvelle édition du trophée du meilleur joueur algérien 2018. En descendant de l’avion, le Brésilien Roberto Carlos, fort d’un palmarès bien garni d’une Coupe du monde et de trois Ligues des champions, a été agréablement surpris par l’accueil chaleureux qui lui a été réservé par les Algériens.

Roberto Carlos, on vous remercie  pour avoir accepté de nous accorder un entretien…

Merci à vous !

Avant de venir en Algérie, vous attendiez-vous à un tel accueil de la part des Algériens ?

Non, sincèrement, non. Les gens ici se sont comportés avec moi d’une façon exceptionnelle.  Je suis très content et heureux de faire le déplacement en Algérie. En ayant droit à un tel accueil, il est clair que vous songez à revenir une nouvelle fois.

Comment avez-vous vécu la cérémonie du trophée du meilleur joueur algérien Le Buteur-El Heddaf 2018 et comment avez-vous trouvé l’ambiance ?

Cette récompense est d’une grande importance. Elle a une grande valeur sur tous les plans. Aussi, elle a été décernée à un joueur fantastique. Personnellement, je ne peux que remercier tous ceux qui ont veillé à l’organisation de cette cérémonie. J’ai eu la chance de participer à plusieurs événements de ce genre, et je peux vous assurer que votre cérémonie n’a rien à envier à ces grandes soirées.

Quel effet peut avoir une telle cérémonie pour l’Algérie ?

La cérémonie du Buteur-El Heddaf a donné une belle image de l’Algérie. Il était important de voir de grands joueurs assister à cette cérémonie. Sincèrement, vous méritez tous les éloges, après avoir prouvé que vous étiez capables d’organiser une telle cérémonie.

Qu’est-ce qui a le plus attiré votre attention depuis votre arrivée en Algérie ?

J’ai toujours dit que l’intérêt que portent les jeunes pour le foot est quelque chose de très important. Mais j’ai constaté lors de votre cérémonie que vous accordiez beaucoup d’intérêt aux anciens joueurs et à vos légendes du foot. C’est vraiment formidable car ces anciens sont des maîtres pour la nouvelle génération, une référence aussi pour le football moderne. J’ai été touché en voyant ces anciens joueurs qui ont fait l’histoire du foot et qui ont aujourd’hui 60 ou 70 ans.

Comment évaluez-vous le foot algérien ?

Le football algérien a plusieurs particularités. Il existe beaucoup de bons joueurs pétris de qualités.

Parmi les joueurs algériens d’aujourd’hui, qui, selon vous, est capable de porter les couleurs d’un grand club comme le Real ou le Barça ?

Je ne vais pas parler d’un joueur précis. Même s’il n’y a pas aujourd’hui de joueur algérien qui joue au Real ou au Barça, j’estime que l’Algérie possède actuellement plusieurs joueurs de qualité. A titre d’exemple, le récent vainqueur du trophée du joueur de l’année Le Buteur-El Heddaf, Baghdad Bounedjah, est un joueur fantastique même s’il joue au Qatar, un pays qui n’a pas une grande culture footballistique. 

Vous avez rencontré un certain Rafik Djebbour qui était votre ancien joueur à Sivasspor…

D’abord, je dois dire que Djebbour est une personne formidable. Je suis heureux de l’avoir entraîné et d’avoir entraîné aussi plusieurs joueurs africains et asiatiques durant ma carrière d’entraîneur.

Mais pourquoi n’aviez-vous pas gardé Djebbour dans votre équipe ?

Tout simplement parce qu’il avait reçu une offre intéressante, il avait donc préféré partir. Il a beaucoup donné au club. Il s’entraînait avec un grand sérieux et était une référence pour les autres joueurs. C’était un vrai professionnel. Rafik est un ami, pas seulement un ancien joueur que j’ai coaché.

Quel conseil pourriez-vous donner au meilleur joueur algérien 2018 Baghdad Bounedjah ?

Il doit beaucoup se réjouir de la période faste qu’il traverse. Je lui conseille de retourner au même endroit et de remporter cette importante récompense.

Que doit faire le joueur algérien pour hisser son niveau de jeu ainsi que celui de l’EN ?

L’Algérie est un pays où il y a de gros moyens. Malheureusement, il n’existe pas ici de grands clubs tels que le Real, le Barça, Chelsea et Manchester United. Les joueurs algériens doivent faire comme les Brésiliens en faisant de grands efforts et des sacrifices, avant d’aller tenter une expérience en Europe. L’amour des Algériens pour le foot est très fort.

Parlons maintenant du Real Madrid. Pensez-vous que le Real est capable de remporter d’autres trophées surtout qu’il vit une année de transition ?

Le Real Madrid a remporté beaucoup de titres. C’est le seul club au monde qui a remporté autant de trophées. Le Real est un club de titres et il le restera à jamais.

Mais le club traverse une année de transition…

Au Real, il n’existe pas d’année de transition. Zidane et Cristiano Ronaldo sont partis, mais on possède toujours une équipe forte. L’objectif demeure toujours de remporter les titres.

En parlant de Ronaldo, étiez-vous surpris de son départ du Real Madrid ?

Non, son départ du Real ne m’a pas du tout surpris. Certes, Cristiano a beaucoup donné au football espagnol et au Real Madrid. Aujourd’hui, il joue pour un grand club. Je le remercie beaucoup car il a contribué à beaucoup de titres au Real. J’espère qu’il réussira à faire autant avec son nouveau club, la Juventus.

Un mot sur le départ de Zidane du Real ?

Son départ du Real ne m’a pas surpris, non plus. Les gens ont des projets dans leur vie. Zidane a décidé de partir, après avoir réussi une carrière exceptionnelle au Real, que ce soit en tant que joueur ou entraîneur.

La Juventus, avec CR7, a-t-elle plus de chance de remporter la Ligue des champions ?

La Juventus est un club. Mais le Real demeure le plus grand club au monde avec ses 13 consécrations en LDC. Attendons de voir ce que la Juventus va réaliser d’ici au mois de mars prochain et voir si elle est capable de remporter la LDC ou pas.

Zidane et Solari sont passés par la Castella, avant de s’asseoir sur le banc de l’équipe du Real. Vous, qui êtes aujourd’hui entraîneur de la Castella, aspirez-vous à entraîner le Real ?

Aujourd’hui, je suis content d’être l’ambassadeur du Real Madrid à travers le monde et d’entraîner l’équipe de la Castella. Mes postes au Real me permettent d’être proche de la direction et de l’équipe première. Après, chaque chose en son temps. Nous verrons ce qui se passera dans les années futures.

Le Brésil n’est plus cette sélection capable de remporter les titres. Peut-on en connaître les raisons ? Doit-on attendre 2022 pour le voir remporter à nouveau les titres.

Pourquoi 2022 ? Nous avons une équipe forte et je sais que nous sommes capables de nous illustrer en 2022.

Mais la sélection brésilienne ne dispose plus de joueurs aussi talentueux que l’ancienne génération…

Il est vrai que nous avons gagné tous les titres. Je dois dire qu’il y avait de sacrés bons joueurs  tels que Ronaldo, Rivaldo, Kaka, Cafu, Dida et plein d’autres joueurs. Nous avions vraiment une très forte équipe. Cette nouvelle génération doit travailler dans le calme loin de la pression, pour espérer gagner des titres. Il est vrai que la mission est très compliquée avec le niveau qui existe actuellement, mais ils ont les moyens de remporter un titre.

Revenons à vous, en tant que meilleur arrière gauche dans l’histoire du football (il nous interrompt en souriant).

Vous parlez de Marcelo ?

Non, de vous. Quel est le secret qui se cache derrière votre frappe du pied gauche ?

Il n’y a aucun secret à cela, si ce n’est le travail et les sacrifices. Tout le temps, je me donnais à fond sur le terrain, je voulais être un exemple à suivre. C’est pour cela que j’ai toujours travaillé sans m’arrêter.

Certains disent que vous vous entraîniez avec des ballons remplis de sable. Est-ce vrai ?

Non, c’est faux. Cette histoire n’a rien de vrai. Je pense que j’ai une frappe puissante car j’ai hérité des jambes de mon père qui avait lui aussi de très fortes jambes. C’est donc logique et naturel pour moi.

On ne peut pas évoquer votre impressionnante frappe du pied gauche sans parler de ce but face à la France. Comment l’avez-vous marqué ?

Il n’y a pas de secret, j’avais une grande confiance en moi dans ce genre de frappe. J’ai beaucoup travaillé cela à l’entraînement. Dès que l’occasion s’est présentée, j’ai donc tiré le plus normalement du monde.

Est-ce la seule explication ?

(Sourire.) Oui, il n’y a aucune autre explication, si ce n’est le travail. Peut-être que le vent a quelque peu dévié le ballon vers l’extérieur avant qu’il ne regagne sa trajectoire, mais à mes yeux, c’était une frappe des plus normales.

Mais avant le tir, vous cherchiez quelque chose sur le ballon. Peut-on savoir c’était quoi au juste ?

Juste une habitude avant chaque tir. J’essaye de chercher le meilleur endroit pour poser le ballon.

Vous avez débuté votre carrière comme ailier avant de changer de poste. Peut-on en connaître les raisons ?

Ce changement de poste s’est fait par hasard. Je me souviens qu’une fois, notre arrière gauche était absent et j’ai dû le remplacer. J’ai fait un excellent match et depuis, je n’ai plus changé de poste.

Est-ce vrai que vous avez quitté l’Inter, après un désaccord avec Roy Hodgson ?

Non, ce n’est pas vrai. J’ai quitté l’Inter, pour la simple raison que le Real de Madrid me voulait. Avec Roy Hodgson, je jouais plus en avant, c’est ce qui m’a créé quelques problèmes, sans plus. Mais il est clair qu’avec l’entraîneur, on avait de bonnes relations. Il s’est toujours bien comporté avec moi. Mon départ donc de l’Inter n’avait aucun rapport avec le coach.

Comment s’est passée votre venue au Real ?

Rapidement, puisque Capello me voulait dans son équipe. En l’espace de 24h, le transfert a été validé par les deux clubs et j’ai rejoint le Real de Madrid.

Votre grande forme lors des JO 1996 est-elle derrière votre transfert au Real ?

En vérité, les JO de 1996 sont un très mauvais souvenir pour moi car nous avons raté le titre.

Vous avez gagné 3 Ligues des champions. Quel est celui qui vous a le plus marqué ?

Tous les titres que j’ai gagnés m’ont marqué.

La première Ligue des champions gagnée en 1998 n’est-elle pas la plus importante ?

Ç’a été un titre très important car c’était ma première avec le Real durant ma carrière. Mais de tous les titres que j’ai remportés, je n’ai pas de préférence.

Avant la finale de la Coupe du monde 1998, vous étiez le premier à avoir trouvé Ronaldo évanoui sur le sol. Comment avez-vous réagi à cela ?

Ce fut un très mauvais souvenir pour moi. Je préfère parler du présent, et le présent dit que Ronaldo est aujourd’hui président de Valladolid. Il est très fier de ce qu’il fait et c’est ce qui compte le plus.

L’état de santé de Ronaldo vous a certainement perturbé avant cette finale…

C’est clair. Mais comme je viens de vous le dire, je préfère ne plus en parler. Je suis heureux aujourd’hui de le voir en bonne santé et épanoui dans sa vie. C’est le plus important pour moi.

Pourquoi le Real de Perez n’a pas réussi entre 2003 et 2007 ?

C’est vrai que durant cette période, nous n’avons pas gagné de titre mais nous avons passé les meilleurs moments. L’ambiance était exceptionnelle à l’entraînement et il y avait une très bonne entente entre nous.

Est-ce vrai que vous avez décidé de quitter le Real après votre erreur en 8e de finale de la Ligue des champions 2006/2007, suite au but de Roy Makaay inscrit 10 secondes après le coup d’envoi ?

But de Makaay ?

Oui à la première minute…

Je ne pense pas que le but de Makaay était la raison de mon départ du Real car nous avions devant nous 93 minutes pour revenir au score et gagner.

Le plus beau but de votre carrière ?

Tous les buts étaient importants pour moi.

Pourquoi n’avez-vous pas entamé une carrière d’entraîneur ?

Le Real m’a proposé un poste important et je suis heureux de mon travail au club.

Donnez-nous la meilleure composante de l’histoire du football ? 

Il y a beaucoup de bons joueurs. Mais je vais dire Casillas, Cafu, Maldini, Baresi, Roberto Carlos, Hierro, Redondo, Ronaldinho, Beckham, Raùl et Ronaldo.

Les clubs favoris pour remporter la Ligue des champions cette année ?

Le Real Madrid.

Seulement le Real ?

Oui.

Pensez-vous que Neymar a fait le bon choix d’aller au PSG ?

Un très bon choix.

Pensez-vous qu’il pourra un jour retourner au Barça ou jouer pour le Real ?

Tout est possible.

Pelé a déclaré que Messi n’était pas le meilleur joueur de l’histoire…

C’est l’avis de Pelé.

Partagez-vous son point de vue ?

Pelé a le droit de donner son avis car il est le meilleur joueur de tous les temps.

Un mot sur le racisme dans les stades ?

Je pense que la meilleure manière de le bannir est de ne pas en parler du tout. On ne doit pas accorder de l’importance à des gens qui ne le méritent pas. Je pense qu’on devrait mettre les racistes en prison.

Que manque-t-il pour un joueur arabe comme Mahrez ou Salah pour remporter le Ballon d’Or ?

Beaucoup de choses. Je pense que pour remporter le Ballon d’Or, il ne suffit pas d’être le meilleur, puisqu’il faut aussi beaucoup de choses en plus.

Pensez-vous que Mahrez peut aider City à remporter la Ligue des champions ?

Je pense que ce sera difficile pour City de remporter la Ligue des champions en présence du club qui a 13 titres à son actif.

Si vous étiez entraîneur et que vous auriez à choisir entre Mahrez et Salah, lequel prendriez-vous ?

Je choisirai Cristiano Ronaldo.

Avant de terminer notre entretien, on aimerait en savoir davantage sur votre vie privée, comme le lieu où vous vivez actuellement et le nombre d’enfants que vous avez…

J’ai 11 enfants. Je vis à Madrid avec mes deux filles Manuella et Marina ainsi que ma femme actuelle Mariana. Pour mes autres enfants, ils vivent au Brésil, chacun avec sa mère.

Quel type de véhicule possédez-vous ?

J’ai un véhicule de service que le Real m’a donné, une Audi.

Un dernier mot aux Algériens ?

Je les remercie pour leur accueil et leur affection. Je leur souhaite une bonne et heureuse année.

Publié dans : Roberto Carlos

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