Trente-six enfants, issus de plusieurs wilayas du pays, se trouvent à Naples pour assister au match de football entre le Napoli et l'Atalanta Bergame, et ce, à l’occasion d’une opération de solidarité initiée par la Fondation du défenseur international, Faouzi Ghoulam. Kalidou Koulibaly a tenu à participer activement à cette entreprise. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, nous avons entrevu une autre facette de celui qui fait partie des meilleurs défenseurs du monde. Nous avons découvert un Koulibaly plein de sensibilité avec un cœur gros comme ça !
Peut-on dire que nous nous adressons à un des frères de Ghoulam ?
Tout d’abord, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue. Ce que vous dites est vrai, j’ai avec Fawzi des relations fraternelles.
Vous êtes à ses côtés, à l’occasion de cette action envers les enfants. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
Cette action incarne parfaitement la personnalité de Fawzi Ghoulam. C’est quelqu’un de plutôt introverti, qui ne veut pas beaucoup se montrer, mais qui a comme souci premier de faire plaisir aux gens et d’aider les plus démunis. Cette action envers les enfants est en droite ligne avec son caractère. C’est une très belle action de sa part.
Nous croyons savoir que vous n’avez pas hésité une seconde pour répondre présent à l’appel de Ghoulam…
Absolument. Je n’ai pas hésité une seconde car cela me procure un plaisir immense de voir tous ces enfants avec un large sourire. La visite des installations et du stade du Napoli leur fera un excellent souvenir. Je me mets un peu à leur place. J’aurais beaucoup aimé vivre en tant qu’enfant la même expérience, suite à une invitation d’un joueur professionnel.
Il faut dire aussi que les responsables à tous les niveaux, ont tout fait pour que cette visite soit une réussite…
Exactement, et il faut les en remercier. Les enfants ont visité le stade et les vestiaires. Ils ont aussi posé beaucoup de questions, ce qui montre leur grand intérêt. C’est tout simplement magnifique. Les voir sourire et être vraiment contents d’être là me comble personnellement car je mesure ce qu’est la joie d’un enfant, surtout s’il vient d’un milieu défavorisé. Fawzi a fait un geste très important et Inch’Allah, Dieu le lui rendra.
Quand ils vous ont vu, les enfants ont scandé «Allah ou Akbar Koulibaly !». Un commentaire ?
Vraiment, je ne m’attendais pas du tout à cela. Cela m’a fait chaud au cœur, surtout quand ce sont des enfants qui s’expriment. Voir son nom être associé au Dieu Tout Puissant ne peut que m’émouvoir. Par ailleurs, nous avons perdu une CAN contre l’Algérie, mais cela n’a que peu d’importance. L’amitié entre nos deux nations est bien au-dessus de tout cela.
Lors de certaines attaques xénophobes dont vous avez été victime, il y a eu un énorme mouvement de solidarité en Algérie. Le saviez-vous ?
Nabil, le frère de Fawzi m’en a parlé. Cela m’a réconforté, sans que je sois étonné. C’est très bien que les Africains se soutiennent. Cela confirme aussi les liens de fraternité entre l’Algérie et le Sénégal. Il faut que cela perdure dans le temps.
Qu’est-ce que vous ressentez, si on vous dit que vous êtes très populaire en Algérie…
Je ne le savais pas. J’éprouve de la fierté, évidemment. Vous savez, nous les joueurs africains, nous sommes très sensibles à tout ce qui touche le continent. Nous travaillons beaucoup en club pour rendre les gens heureux et cela nous encourage à faire encore mieux. Il est aussi très important de donner la meilleure image possible de l’Afrique.
Ce que vous dites est aussi illustré par la complicité affichée par Belmadi et Aliou Cissé.
Ils se connaissent depuis longtemps et ils s’apprécient. Ce sont là deux grands techniciens du football, qui ont beaucoup apporté à leurs sélections. Aliou Cissé a en quelque sorte révolutionné le football pratiqué par la sélection nationale. Il y a plus de rigueur et plus de technicité.
Vous n’êtes pas sans savoir que Fawzi Ghoulam a été quelque peu déçu de ne pas avoir pris part à la dernière CAN. En avez-vous parlé ?
Tout le temps. Pour ce qui est de son absence à la CAN, c’est le destin. Il faut lui laisser le temps de revenir à son meilleur niveau. Il rendra encore des services à son pays. Maintenant, je sais qu’il n’a pas raté une miette de tout ce que vivait la sélection algérienne en Egypte. Il a aussi fêté comme il se doit le sacre de l’Algérie, ce qui évidemment n’a pas été mon cas. Hors football, nous parlons énormément de son association et de tout ce qu’il entreprend, envers les nécessiteux.
Il y a aussi Adam Ounes. Qu’avez-vous à dire à son sujet ?
Adam est notre petit frère, à moi et à Fawzi. Avant d’entreprendre quoi que ce soit, il demande conseil. C’est aussi un super joueur qui est promis à un bel avenir. Je lui souhaite de revenir très vite sur les terrains.
Est-ce que vous vous êtes parlé avec Fawzi et Adam, avant les matchs de la CAN ?
De temps en temps, et jamais juste avant les matchs. Il y avait des matchs très importants à disputer et la concentration devait être à son maximum. Le but était de rendre fiers nos pays. Nous voulions absolument gagner cette CAN. Cela se fera Inch’Allah dans deux ans.
L’actualité est le Ballon d’Or. Et notre fierté est de voir nommés des joueurs comme Sadio Mané, Mahrez, Salah. Est-ce votre cas ?
Et comment ! Ce n’est que justice. On ne voyait pas cela, il y a quelques années. Cela veut tout simplement dire que le football africain a énormément progressé et qu’il a sa place dans le ghota mondial. Je pense que cela continuera. Les joueurs que vous avez cité, auxquels on peut ajouter Obameyang, méritent amplement cette distinction car ils font partie du must.
Il y a aussi un défenseur, Van Dyke, et cela n’est pas habituel…
Ce que vous dites est vrai. Van Dyke est un grand défenseur et sa nomination est méritée. Il est au top depuis plusieurs années.
Pensez-vous que Sadio Mané ou Mahrez ont des chances d’arracher le Ballon d’Or ?
Je souhaite de tout cœur que l’un d’eux connaisse la consécration mondiale. Maintenant, il y a des considérations qui font que c’est assez compliqué pour eux.
Quel est votre favori ?
Sans surprise Sadio Mané. Nous avons grandi ensemble et nous avons été coéquipiers à Metz, sans compter les années passées en sélection.
Un petit enfant parmi les invités a récité des versets du Coran et nous avons décelé chez vous une certaine émotion. Un commentaire ?
Que Dieu le bénisse, il a une voix magnifique. Cela est bien sûr émouvant d’entendre les paroles de Dieu. Cette récitation des versets sacrés va très certainement nous porter chance. La vie est importante, mais il y a aussi l’Au-delà.
Un dernier mot…
Un grand merci au Buteur et El Heddaf qui m’ont permis de m’exprimer. Un grand bonjour à mes amis algériens et j’espère être très bientôt parmi eux.
Entretien réalisé par Moumen Ait Kaci Ali
Publié dans :
Kalidou Koulibaly