Auteur :
Moumen Ait Kaci Ali
mercredi 24 avril 2019 16:18
La coqueluche du public de l’Equipe nationale Adam Ounas revient dans cet entretien exclusif accordé au Buteur, sur la consécration des Verts obtenue en terre égyptienne, il y a une semaine. Etincelant à chacune de ses apparitions avec les Verts en Coupe d’Afrique des nations, le sociétaire de Naples, meilleur buteur de la sélection avec trois buts, nous parle des différents moments d’émotion vécus dans le secret de cette consécration de l’Equipe nationale. Entretien !
Quelques jours après votre consécration, on imagine que vous réalisez enfin que vous êtes champion d‘Afrique, une réaction ?
C’est un très beau titre. Cela faisait longtemps que le peuple attendait ce sacre. Donc, cela nous fait beaucoup de bien. On revient de très loin, il n’y a même pas un an on était dans le trou et là on remporte le trophée, c’est tout simplement extraordinaire ! Être sur le toit de l’Afrique, aujourd’hui, est une immense joie pour le pays. On espère que cela durera le plus longtemps possible, Inch’Allah.
A qui vous avez pensé en premier au coup de sifflet final de l’arbitre en finale contre le Sénégal ?
On pense à tout le monde, nos familles, nos amis, le peuple algérien, c’est vraiment un mélange d’émotions qu’on ne peut facilement décrire. On est très heureux, même une semaine après, je n’ai même pas les mots pour vous décrire mes sentiments de joie.
Vos statistiques sont dignes d’un titulaire, avec 3 buts et 2 passes décisives et plusieurs minutes jouées, vous vous attendiez à un tel parcours personnel ?
Pour être honnête, je ne m’y attendais pas trop, mais la confiance du coach Belmadi m’a donné des ailes. Je suis arrivé blessé à Sidi Moussa, mais il n’a jamais perdu confiance en moi, il me disait toujours qu’il comptait sur moi. Donc j’ai compris que chacun avait la possibilité d’avoir des minutes dans cette CAN. Je me suis dit qu’il fallait profiter des quelques minutes qu’il compte m’offrir pour prouver que je méritais d’être de ce groupe champion d’Afrique. Il fallait aussi prouver qu’on était tous importants dans cette équipe. Pour ma part, il m’a fait confiance sur plusieurs matchs et j’estime lui avoir donné raison en me montrant à la hauteur de sa confiance.
Adam, comment vous viviez ces acclamations du public au stade du Caire, qui n’arrêtait pas de demander votre entrée en jeu avec ses « Allah Akbar Adam Ounas ! » ?
(Il s‘arrête un moment.) Franchement, ça fait plaisir surtout qu’ils ne disent pas ça pour tout le monde. Vous comprenez ce que je veux dire. Je les remercie du fond du cœur. Vous savez, à chaque fois qu’on scande mon nom, j’ai des frissons sur le banc. On a un public en or, sincèrement l’émotion qu’on ressent en sélection avec nos supporters est quelque chose d’exceptionnel. Ce qu’on vit en sélection comme émotion, on ne peut jamais le vivre en club. Comme je l’ai dit, mon choix pour l’Algérie est un choix de cœur et jusqu’ici le peuple me rend la monnaie de ma pièce en restant derrière moi. Je ne peux répondre à tout le monde à travers les réseaux sociaux, donc je profite encore une fois de cette interview pour remercier ces milliers de fans algériens qui m’ont envoyé des messages de soutien et de félicitations. Je ferai tout pour rester à mon meilleur niveau afin de les rendre heureux, Inch’Allah.
Et si on revenait un peu à cette Coupe d’Afrique, quand est-ce que vous vous êtes dit « Allez, cette CAN est pour nous ! » ?
Franchement, c’était dès le début du tournoi. C’est-à-dire que l’objectif était de faire le maximum pour aller au bout. Après, lors des matchs amicaux il y avait de bons signes, on a beaucoup bossé ensemble. Bien sûr, après la phase de poules où on a pu terminer premiers sans prendre de buts et en en mettant plusieurs, on a commencé à y croire. Cette détermination a grandi lorsque nous avons battu une bonne équipe de la Guinée sur le score de 3 à 0. On était sur notre lancée ensuite, personnellement, lorsqu’on a gagné contre la Côte d’Ivoire aux penalties, j’ai senti que notre équipe était devenue irrésistible.
Parlez-nous un peu du secret de cette grande consécration…
On a beaucoup souffert, croyez-moi, ce n’est pas évident de travailler en plein été sous la chaleur et rester plus d’un mois et demi enfermé dans une chambre, mais Hamdoulillah, nos sacrifices ont fini par payer avec ce titre de champion d’Afrique ramené d’Egypte. On était déterminés, tout le monde était prêt mentalement et physiquement à tout surmonter. On se sentait tous concernés à l’entraînement, c’est pour vous dire que cette consécration est celle de tout un groupe. Joueurs, staff technique et staff médical. Il faut que tout le monde sache que chaque élément du groupe était important dans cette consécration. Il n’y a rien surtout aucune histoire durant presque un mois et demi ensemble.
Parlez-nous un peu de l’accueil de la famille à Tours, c’était comment ?
Franchement, magnifique ! Ils m’attendaient tous à la maison. Il y avait ma mère et ma grand-mère qui a 86 ans. Elle s’est levée du canapé pour me faire un bisou et elle a dansé un petit peu de joie sur un rythme de musique algérienne. Après, ma mère était très contente, elle a pleuré, tout comme ma sœur aussi. Elles étaient toutes contentes parce que sur les deux saisons passées à Naples, je n’ai pas trop joué, et là je reviens avec un titre de champion d’Afrique, 3 buts marqués et 2 passes décisives. Je les ai rendus tous heureux et fiers et c’est là un grand moment de ma vie.
On sait que vous étiez triste pour Khalidou Koulibaly, qui a raté la finale et on vous a vu aussi chambrer Diawara Amadou en huitièmes de finale. Arbah’nahoum Gaâ ! comme on dit…
(Il rit franchement.) Oui, Hamdoulillah, c’était notre leitmotiv. Après je vais commencer par Amadou Diawara. C’est quelqu’un avec qui je suis tous les jours à Naples. On s’appelle toujours même lorsqu’on est en vacances. D’ailleurs, juste après la finale, il m’a appelé pour me féliciter. Il m’a dit qu’on l’avait mérité cette Coupe d’Afrique. Il m’a aussi dit que l’Algérie était au-dessus dans cette CAN, surtout qu’on a tapé tout le monde. Donc voilà, personne ne peut trouver à redire. Quant à Koulibaly, il m’a d’abord félicité pour mes statistiques. Ensuite, il m’a envoyé un message pour me dire que vous avez eu de la chance que je ne sois pas là.
Parlons un peu de cet accueil du public algérien à votre retour, c’était le moment le plus fort de votre carrière ?
Sincèrement, aucun pays au monde ne peut réserver un tel accueil à sa sélection. Je n’ai jamais vu cela de ma vie. La France a gagné la Coupe du monde l’année dernière mais il y avait 10 fois moins de monde dans les rues. L’Algérie attendait cette joie depuis longtemps et on est fiers de leur avoir ramené cette Coupe d’Afrique surtout après tout ce qui s’est passé au pays. J’espère que cela a donné de la joie au peuple, on va tout faire pour les rendre encore fiers de leurs couleurs.
Un mot pour Bennacer, élu meilleur joueur de la CAN 2019 ?
Isma c’est mon gars, c’est mon petit frère, appelez-le comme vous voulez. On partage la même chambre, on s’encourageait tout le temps. A chaque fois qu’on discutait au téléphone, on se disait qu’on devait aller à la CAN pour la gagner pour notre pays. Ismael est un sacré mental, il n’aime pas les excuses, quand il est sur le terrain, c’est pour la bagarre, c’est un tempérament de gagneur que j’ai jamais vu. On échange souvent presque de manière quotidienne au téléphone, c’est mon frère. Je l’aime beaucoup. J’espère qu’on continuera l’aventure ensemble et qu’un jour on évoluera dans un grand club européen, Inch’Allah.
Justement, Ismael vient d’opter pour le Milan AC, vous croyez que c’est un club où il peut s’imposer ?
Aucun souci, Bennacer a le talent pour jouer dans n’importe grand club européen. Je suis persuadé qu’il va montrer l’étendue de son talent et confirmer à tout le monde la saison pleine sortie avec Empoli et la CAN réussie avec l’Algérie. J’espère qu’il va monter encore en puissance Inch’Allah et s’éclater cette saison en Serie A.
Merci Adam et bonnes vacances !
Avec plaisir. Je suis vraiment très heureux de m’exprimer sur cette consécration surtout lorsque les choses sont bien faites. Je vous remercie et je souhaite que du bonheur à tout le peuple.
Entretien réalisé par Moumen Ait Kaci Ali
Publié dans :
djamel belmadi
Adam Ounas