ESS : Chronique d’une crise annoncée

L’Entente de Sétif ne pouvait pas espérer mieux dès sa sortie d’avant-hier face à l’USM Bel-Abbès par rapport aux conditions dans lesquelles elle avait préparé son match et ce malgré l’état des lieux catastrophique qui prévaut au sein du club de la Mekerra. Nous l’avions bien souligné, la prestation des Bel-Abbessiens face à l’USMA en Coupe d’Algérie en dépit de l’élimination et le retour des dirigeants qui ont essayé de régler certains problèmes financiers la veille de la venue des Sétifiens ont suffi pour motiver les camarades de Benayad qui se sont présentés sur le terrain avec plus de volonté. Il fallait s’y attendre en effet.
Rien ne va plus depuis le retour de Benidorm
Certes, l’ESS avait largement les moyens de l’emporter et de rentrer avec les points de la rencontre, mais ça, c’est sur le papier. Car la réalité était toute autre. C’est avec un effectif décimé et une équipe disloquée que les Sétifiens ont fait le voyage à Bel-Abbès en raison des nombreux problèmes qui ont secoué le club ces derniers temps. On pensait que l’équipe s’est ressaisie après la victoire réalisée à Bologhine face à l’USMA et qu’elle ait pu enfin provoquer le déclic tant attendu, mais force est de constater qu’on n’est pas sorti de l’auberge. On ne sait pas vraiment ce qui s’est passé à Benidorm, mais depuis le retour de l’équipe du stage d’Espagne, rien ne va plus. Des joueurs sont rentrés gravement blessés, à l’image de Radouani et Sidhoum qui n’ont pas pu reprendre jusqu’à aujourd’hui, d’autres fatigués ou dégoûtés à l’image d’un Djabou que personne ne comprenait l’attitude à l’entrainement, et d’autres avec des offres d’autres clubs qui les ont complètement déconcentrés, jusqu’à entrer en conflit avec la direction du club.
Neuf joueurs disponibles à l’entrainement, on ne pouvait pas tomber plus bas
Heureusement que le match de coupe contre l’ABS ait été reporté, sinon les dégâts auraient été plus lourds. L’on se rappelle qu’à un moment, Noureddine Zekri s’est retrouvé avec seulement neuf joueurs disponibles à l’entraînement. C’était hallucinant. On ne comprenait pas comment une équipe qui prépare un match de 16e de finale de la Coupe d’Algérie se retrouve avec un effectif aussi réduit à l’entraînement. Le coach sétifien, sous prétexte qu’il voulait superviser les jeunes, avait fait appel à pas moins de dix joueurs de l’équipe réserve pour pouvoir travailler convenablement à l’entraînement. Il n’y a que les équipes qui ont été privées des nouvelles licences en début de saison qui avaient fait appel à un aussi grand nombre de joueurs de la réserve comme l’USMH, le RCK ou encore le CRB. On peut bien le dire, sans le vouloir, le wali de M’sila a sauvé l’Entente d’une élimination presque certaine en suspendant toutes les manifestations sportives dans la wilaya.
Trois cadres montent au créneau et réclament le droit de quitter le club
Et comme si cela ne suffisait pas, des cadres montent au créneau et réclament le droit de quitter le club. A commencer par Miloud Rebiai qui a reçu une offre très intéressante financièrement de la part d’un club égyptien, une occasion qu’il ne voulait pas rater. Il en avait parlé à son entraîneur à Benidorm en lui laissant entendre qu’il ne doit pas compter sur lui lors de la phase retour, car il était décidé de partir. Il pensait que Hammar allait le lâcher, d’autant que l’ESS allait encaisser une importante somme d’argent, mais il a été surpris par le refus du président. Rebiai a alors refusé à son tour de reprendre l’entraînement. C’était par la suite au tour d’Akram Djahnit de réclamer sa lettre de libération et la résiliation de son contrat après la soirée cauchemardesque qu’il avait vécue lors du match de coupe contre l’O Médéa. Lui aussi a suspendu son entraînement avec le groupe et n’a pas cessé d’insister pour partir, allant jusqu’à faire l’impasse sur ce dernier match contre l’USMBA. L’autre cadre de l’équipe qui veut quitter le club est Abdelkader Bedrane qui a tout simplement boudé le match d’avant-hier en signe de contestation après que Hammar s’est opposé à son transfert au Portugal.
Djabou boude
L’autre cadre qui boude l’équipe depuis un bon moment n’est autre que le capitaine Abdelmoumen Djabou. Depuis le retour de l’équipe du stage d’Espagne, le joueur ne vient que rarement à l’entraînement. Et quand il vient, il repart aussi tôt. Son comportement avait suscité la polémique jusqu’à ce qu’il boude carrément l’équipe. On apprend par la suite que Djabou réclamait son dû, lui qui n’a pas été payé depuis plusieurs mois. Son cas a levé le voile sur un grand problème financier que vit l’Entente dans la mesure où il n’est pas le seul à réclamer ses arriérés, plusieurs autres joueurs l’ont fait, les anciens notamment, dont les salaires impayés se sont accumulés. Et c’est pour cette raison que Djabou était absent vendredi à Bel Abbès.
La direction déconnectée de la réalité
Pendant ce temps-là, la crise couvait. Ni les dirigeants, ni le staff technique, ni le staff médical n’ont su gérer cette situation. La direction du club a laissé trainer les choses jusqu’au pourrissement, le staff médical s’est retrouvé à un moment avec six joueurs convalescents, Sidhoum, Radouani, Debih, Nemdil, Bouguelmouna et Aiboud et le staff technique, dépassé par les évènements, adoptait la politique du Wait and see. Ce qui est étrange dans tout cela, c’est que les dirigeants ne semblent pas se rendre compte de la réalité. L’Entente a tout perdu cette saison. La Ligue des champions, la Coupe arabe et le championnat, sachant qu’on ne peut pas faire de la Coupe d’Algérie un objectif où on risque l’élimination à tout moment. Djahnit, Rebiai et Bedrane valent de l’or. N’est-il pas plus raisonnable de les vendre et de bénéficier d’une bonne rentrée d’argent pour assainir sa situation financière et préparer la prochaine saison sous de meilleures bases ? Ou on préfère plutôt foncer dans un mur ?