Feghouli : «Ce fut une expérience humaine extraordinaire !»

A la fin de la rencontre, Sofiane Feghouli a pudiquement caché son visage avec son maillot, en s’en allant pleurer seul une élimination cruelle face à des Allemands qu’on nous avait présentés comme des ogres et qui se sont avérés tout à fait prenables. C’était le sentiment de Feghouli aussi, d’où sa frustration au coup de sifflet final de l’arbitre brésilien venu mettre fin à 120 minutes dantesques d’une nouvelle génération en or.

Vous sortez d’un match dantesque. Comment avez-vous vécu les péripéties de cette rencontre face aux Allemands ?
On savait que ça allait être dur car tout compte fait, on a tiré peut-être la meilleure équipe de cette Coupe du monde. Une équipe allemande qui se qualifie souvent au moins en demi-finale. Face à une telle équipe, on avait à cœur de démontrer au monde entier que l’Algérie est une grande nation de football en devenir. On l’a démontré je crois en nous qualifiant d’abord en huitièmes de finale, puis en tenant tête aux Allemands parce que ça s’est joué à de petits détails aujourd’hui. Il ne nous reste qu’à féliciter les Allemands.
Que retenez-vous de cette Coupe du monde ?
Jouer un tournoi pareil, qui plus est au Brésil, le pays du football, c’est le summum pour un footballeur. Ce fut pour moi et pour tous mes coéquipiers des moments magiques, extraordinaires, très difficiles à expliquer. Il n’y aura que de bons souvenirs de ce Mondial.
Y avait-il de la place aujourd’hui pour un exploit surtout durant les 90’ ?
Oui bien sûr. Finalement, ça s’est joué à rien comme dans tous les grands rendez-vous. On a raté des occasions, on a même marqué un but car je ne sais pas s’il y avait hors- jeu ou pas. Aujourd’hui, on peut dire qu’on a fourni un grand match.
Après un tel parcours, on ne va plus parler maintenant de 82 ?
Jamais ! 82 restera toujours gravé dans la mémoire de tous les Algériens. Cette génération a écrit une belle page de l’histoire du football algérien et elle va en écrire d’autres j’espère car quand vous voyez l’âge des joueurs, il y a vraiment de quoi réaliser d’autres bons résultats pendant longtemps encore. A condition qu’on reste toujours soudés et qu’on mouille toujours le maillot pour l’Algérie.
Quels conseils donneriez-vous aux Français pour battre les Allemands ?
Ils doivent surtout jouer leur football. Les Français sont en train de jouer un bon football avec une équipe solide. Ça va encore se jouer sur des détails. La France possède des joueurs qui évoluent dans de grands championnts. Ils savent bien qu’il ne faudra surtout pas reculer devant les Allemands. Donc si j’ai un conseil à leur donner, c’est d’aller chercher les Allemands dans leur camp.
De quoi vous êtes le plus fier aujourd’hui ?
Le plus fier ? De cette solidarité sur le terrain. Je voyais des joueurs qui se battaient pour moi. Quand je les voyais faire un sprint, j’avais envie de faire le double. C’est cela qu’on recherche dans le sport de haut niveau et c’est très rare d’en trouver. Malheureusement, il y a beaucoup d’égoïsme dans le sport de haut niveau et nous dans cette équipe, chacun se bat pour l’autre. Je suis ravi d’avoir participé avec les 22 autres joueurs à ce grand rendez-vous du football. Ce fut une belle aventure collective vraiment.
Pourquoi ces larmes en fin de match Sofiane ?
Moi qui n’aime pas perdre, c’est toujours difficile pour moi d’accepter la défaite. On a fait un grand parcours jusque-là et c’était rageant de quitter la compétition comme ça. Une compétition incroyable qu’on n’est pas sûrs de pouvoir revivre à l’avenir. Quand je revois le film du match, je me dis que ce fut une défaite vraiment cruelle, après le match qu’on réalise. C’est ça le football et c’est le meilleur qui passe en fin de compte.
On a remarqué que physiquement, les joueurs avaient du mal à terminer le match. Est-ce que ça s’est joué sur ce plan ?
Non. Physiquement les deux équipes ont fini le match difficilement. Comme je disais tout à l’heure, ça s’est joué sur des détails. Un but raté par ci, un petit moment de déconcentration et ça bascule d’un côté comme d’un autre. On aurait pu marquer des buts, eux aussi. Ce fut un match serré, le score en est la meilleure preuve.
Mais beaucoup de joueurs algériens avaient des crampes à la fin…
C’est normal parce qu’on a été au bout de nous-mêmes. Tout le monde a tout donné, a tout tenté. On n’a vraiment rien à se reprocher sur ce plan. On était prêts à laisser notre peau sur chaque duel. C’est donc normal d’être fatigués à la fin.
Que pensez-vous du public brésilien qui vous a soutenus du début jusqu’à la fin ?
On est une équipe qui se donne à fond, qui mouille le maillot et qui veut faire plaisir aux spectateurs. Ils ont vu qu’on ne trichait pas et ça, le spectateur l’apprécie beaucoup. Merci aux Brésiliens de nous avoir soutenus.
Il y a la CAN qui arrive maintenant. Ça sera le tournoi de la confirmation ?
Oui, la CAN c’est en septembre. Elle arrive vite. Il faut déjà évacuer tout ce stress engendré par ces matchs de Coupe du monde. Après, on aura le temps de bien préparer ces éliminatoires car joueur des équipes africaines, ce sera complètement différent. On ne va pas oublier ce qu’on vient de réaliser au Brésil et on prendra tous nos adversaires des éliminatoires très au sérieux. Ça sera complètement différent face à l’Ethiopie, le Mali et le troisième adversaire.
Surtout que vous sortez d’une expérience aussi riche ?
Déjà, notre groupe n’a jamais affronté une équipe aussi forte que l’Allemagne. C’est chose faite maintenant et des rencontres comme ça, ça forge le caractère, ça unit le groupe. C’est cette combativité de tous les Fennecs que je garderai avec moi.
 

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